Crédit image : dessin de Sandoz d’après le portrait original de Jean Baptiste Santerre (1651-1717)
©Roger-Viollet
Jean Racine naît en 1639 à La Ferté-Milon dans une famille modeste. Orphelin à trois ans, il est recueilli par sa grand-mère maternelle. Il bénéficie d’une formation littéraire et religieuse soignée. Éduqué par les jansénistes aux petites écoles de l’abbaye de Port-Royal, il passe deux ans au collège de Beauvais puis fait son année de rhétorique entre Paris et Port-Royal où il approfondit sa connaissance du grec et du latin. Sa formation s’achève par une année de philosophie à Paris, en 1659.
Son oncle, intendant chez le duc de Luynes, l’aide financièrement et l’introduit dans les milieux artistiques et littéraires. Avec ses premiers succès littéraires, Racine devient un auteur reconnu du public et des institutions officielles et royales. Il entre à l’Académie française en 1673. Cette réussite littéraire se double d’une ascension sociale : Louis XIV l’anoblit en 1674. Racine mène une vie sentimentale très agitée avant son mariage en 1677 duquel naîtront sept enfants. La même année il est nommé historiographe du roi.
Racine meurt le 21 avril 1699 d’un abcès au foie.
Andromaque - (1667) Bérénice - (1670) Iphigénie - (1674) Phèdre - (1677)
Les odes Sur la convalescence du Roi et La Renommée aux Muses attirent l’attention du célèbre critique littéraire Chapelain qui va inscrire Racine sur la liste des pensions royales.
Racine écrit La Thébaïde en 1664, et l’année suivante Alexandre le Grand, jouée par la troupe de Molière, qui est un triomphe. Andromaque (1667) est un immense succès qui le propulse au rang de Corneille.
Après les Plaideurs (1668), son unique comédie, Racine rencontre le succès avec chacune de ses tragédies : Britannicus (1669) et Bérénice (1670), d’inspiration romaine, Bajazet (1672) et Mithridate (1672) d’inspiration orientale et les trois tragédies grecques Andromaque, Iphigénie (1674) et Phèdre (1677).
Son statut d’historiographe du roi met sa carrière de dramaturge entre parenthèses. Mais à la demande de Mme de Maintenon, Racine écrit deux pièces d’inspiration biblique : Esther (1689) et Athalie (1691). En 1694, il compose des Cantiques spirituels puis commence la rédaction d’un Abrégé de l’histoire de Port-Royal que la mort l’empêchera d’achever.
Les pièces de Racine sont des modèles du théâtre classique français tant par sa conception de la tragédie, inspirée du tragique aristotélicien, que par sa maîtrise des règles classiques (unité de temps, de lieu et d’action…). Mais le génie racinien tient surtout à la musicalité des vers et à la subtilité par laquelle il exprime les passions incontrôlables de ses héros intemporels. Racine parvient ainsi à exciter « la compassion et la terreur, qui sont les véritables effets de la tragédie » (préface d’Iphigénie).
« Lui qui me fut si cher, et qui m’a pu trahir,
Ah ! je l’ai trop aimé pour ne le point haïr. »
Hermione à Cléone
Acte II scène 1
Andromaque , 1667
« De combien de soupirs interrompant le cours
Ai-je évité vos yeux que je cherchais toujours !
Quel tourment de se taire en voyant ce qu’on aime !
De l’entendre gémir, de l’affliger soi-même,
Lorsque par un regard on peut le consoler ! »
Junie à Britannicus
Acte III scène 7
Britannicus , 1669
« Mon unique espérance est dans mon désespoir. »
Atalide à Zaïre
Acte I scène 4
Bajazet , 1672
« Avec quelle rigueur, Destin, tu me poursuis !
Je ne sais où je vais, je ne sais où je suis. »
Thésée à Œnone
Acte IV scène 1
Phèdre , 1677