Crédit photo : Jacques Tardi en 1934, auteur inconnu
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Jean Tardieu est né dans une famille pauvre mais liée aux arts : son père était un peintre talentueux et sa mère professeur de harpe. La musique comptera d'ailleurs toujours beaucoup pour lui et ce goût se retrouve dans sa poésie. En 1920-1921, en classe de philosophie, il traverse une crise existentielle : cette dimension métaphysique traversera toute son œuvre. Ses premiers textes sont publiés dans la Nouvelle Revue française en 1927. Pour gagner sa vie, Tardieu travaille chez Hachette puis à la radio. Il a également traduit Goethe et Hölderlin.
Une voix sans personne - (1954) Le Fleuve caché - (1968) Les Tours de Trébizonde - (1983) L'Accent grave et l'accent aigu - (1986)
La poésie de Jean Tardieu se caractérise par une grande inventivité et une grande variété de genres et de styles. Tour à tour humoriste, poète lyrique, dramaturge, formaliste, il écrit aussi bien en vers libres qu'en adoptant, parfois ironiquement, le vers classique. Sa marque la plus constante reste l'humour qui accompagne toute son œuvre. Son inventivité en fait un proche de l'Oulipo (groupe de littéraires et de mathématiciens), dont il ne sera cependant pas membre. Tardieu a également écrit un livre de souvenirs, On vient chercher Monsieur Jean, où il raconte son enfance et sa relation à l'écriture.
« Je suis celui qui habite aujourd’hui parmi vous
l’un de vous. Mes souliers vont sur le goudron des villes
tranquillement comme si j’ignorais
que le sol n’est qu’une feuille mince
entre deux étendues sans couleur et sans nom.
Moi cependant qui parle j’ai un nom
je suis celui qui est là parmi vous l’un de vous
ma bouche parle mes yeux voient mes mains travaillent
innocent ! Comme si j’ignorais que ma peau
n’est qu’une feuille mince
entre moi et la mort. »
Une voix sans personne , 1954
« Procès verbal
Cet individu était seul.
Il marchait comme un fou
il parlait aux pavés
souriait aux fenêtres
pleurait en dedans de lui-même
et sans répondre aux questions
il se heurtait aux gens, semblait ne pas les voir.
Nous l’avons arrêté. »
Le Fleuve caché , 1968
« Qu’est-ce qui nous guérira de vivre ? Qui nous délivrera du cycle de la vie et de la mort, de l’enfer terrestre où les monstres pullulent et guettent leur proie, sinon le dégagement et l’absence ? C’est notre seule certitude, identité parfaite de ce tout et de ce rien qui se sont joués de nous pendant notre vie entière. »
Les Tours de Trébizonde , 1983
« NEIGE SOLEIL
Blanc bleu
blanc dans le bleu
pâle et blanc dans le bleu
Bleu pâle je dors bleu pâle je veille
bleu de soleil je suis je vis »
L’Accent grave et l’accent aigu 1986 , 1986