Crédit photo : Agence de presse Meurisse, 1923 ©BNF
Jean Cocteau participe très jeune au milieu littéraire et artistique de son époque, dont il devient un personnage clef. Ami de nombreux artistes, il contribua à faire connaitre certains d'entre eux. Personnage dandy, à la pointe de la mode, il aimait s'entourer de beauté et de jeunesse. Il s'intéresse aux ballets russes, au cubisme, au futurisme et de manière générale à tout avant-garde.
Il devient l'ami, l'admirateur et le soutien du jeune Raymond Radiguet, qu'il réussit à faire publier. Il sera très affecté par la mort brutale de son ami.
Pendant la guerre et l'Occupation, le rôle de Cocteau est trouble : il écrit dans les journaux collaborationnistes, protège des artistes nazis, et ne fait rien pour renier le régime de Vichy. Il n'aura cependant pas d'ennuis à la Libération.
Après une vie consacrée aux arts et à l'amitié, il meurt d'un œdème au poumon. Il est enterré dans la chapelle qu'il a lui-même décorée.
Les Enfants terribles - (1929) Le Sang d'un poète - (1930) La Machine infernale - (1934) La Difficulté d'être - (1947)
L'œuvre de Jean Cocteau est multiple : poète, romancier, dramaturge, il a également écrit des livrets de ballets et des scénarios. Mais il est également le réalisateur de nombreux films, qui lui valurent une grande réputation de cinéaste de son vivant. C'est également un artiste graphique, pratiquant la peinture, et les arts décoratifs ; il laisse une très grande quantité de dessins, au style très reconnaissable. Il a toujours dit cependant que sa véritable ambition était poétique, et il se considère avant tout comme un poète, épris de beauté et de perfection.
« Les êtres singuliers et leurs actes asociaux sont le charme d’un monde pluriel qui les expulse. On s’angoisse de la vitesse acquise par le cyclone où respirent ces âmes tragiques et légères. Cela débute par des enfantillages ; on n’y voit d’abord que des jeux. »
Les Enfants terribles , 1929
« Surtout il fallait, coûte que coûte, revenir à cette réalité de l’enfance, réalité grave, héroïque, mystérieuse, que d’humbles détails alimentent et dont l’interrogatoire des grandes personnes dérange brutalement la féérie. »
Les Enfants terribles , 1929
« TIRÉSIAS :
Œdipe ne confondez-vous pas la gloire et l’amour ? Aimeriez-vous Jocaste si elle ne régnait pas ?
ŒDIPE :
Question stupide et cent fois posée. Jocaste m’aimerait-elle si j’étais vieux, laid, si je ne sortais pas de l’inconnu ? »
La Machine infernale , 1934
« JOCASTE :
Je ne dors plus et c’est mieux, car, si je m’endors une minute, je fais un rêve, un seul et je reste malade toute la journée.
TIRÉSIAS :
N’est-ce pas mon métier de déchiffrer les rêves ?…
JOCASTE :
L’endroit du rêve ressemble un peu à cette plate-forme ; alors je te le raconte. Je suis debout, la nuit ; je berce une espèce de nourrisson. Tout à coup, ce nourrisson devient une pâte gluante qui me coule entre les doigts. Je pousse un hurlement et j’essaie de lancer cette pâte ; mais… oh ! Zizi… Si tu savais, c’est immonde… Cette chose, cette pâte reste reliée à moi et quand je me crois libre, la pâte revient à toute vitesse et gifle ma figure. Et cette pâte est vivante. Elle a une espèce de bouche qui se colle sur ma bouche. Et elle se glisse partout : elle cherche mon ventre, mes cuisses. Quelle horreur ! »
La Machine infernale , 1934