Crédit image : portrait de Joachim du Bellay, artiste inconnu, 1868
Joachim du Bellay naît en 1522 à Liré, dans la région de l’Anjou. Orphelin à l’âge de dix ans, il est élevé par son frère aîné. Après des études à l’université de Poitiers, il entre au collège de Coqueret, à Paris. Avec son condisciple Pierre Ronsard, il fonde un groupe de poésie qu’ils appellent la Brigade. L’objectif qu’ils se donnent est de produire en français des œuvres qui puissent égaler les classiques de la littérature gréco-latine. Cette implication dans la promotion de la littérature en langue française s’illustre dans le manifeste écrit par du Bellay, Défense et illustration de la langue française. En 1549, la Brigade accueille de nouveaux membres et devient la Pléiade. En 1553, du Bellay voyage à Rome en compagnie de son cousin, le cardinal Jean du Bellay. Ce séjour le déçoit et le conduit à rédiger un recueil nostalgique, Les Regrets. Malade, il retourne en France en 1557, et meurt trois ans plus tard des suites d’une crise d’apoplexie.
Défense et illustration de la langue française - (1549) L’Olive - (1550) Les Regrets - (1558) Les Antiquités de Rome - (1558)
La première œuvre notable de Joachim du Bellay est Défense et illustration de la langue française, qui expose les idées du groupe de la Pléiade. Cet essai s’inscrit dans un contexte politique de promotion de la langue française, lorsque le français devient la langue du droit et de l’administration à l’initiative de François Ier. Ce livre illustre le tournant culturel qui se produit à la Renaissance, qui privilégie le renouveau créatif plutôt que l’imitation des classiques.
Le premier recueil de du Bellay, L’Olive, est une compilation de sonnets composés dans le style du poète italien Pétrarque, qui écrit lui aussi son recueil Canzoniere dans sa langue natale, l’italien. L’Olive est un recueil de poésie lyrique où le poète chante les louanges d’une maîtresse imaginaire.
Dans son recueil suivant, Les Regrets, Joachim du Bellay évoque l’exil et la nostalgie de sa terre natale dans des poèmes mélancoliques rédigés en alexandrins. On y trouve le sonnet le plus célèbre « Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage ».
Enfin, dans Les Antiquités de Rome, du Bellay revient au décasyllabe (vers de dix syllabes), sans pour autant négliger l’alexandrin, et signe un recueil reprenant la thématique de la grandeur et la décadence de Rome.
Pour la postérité, du Bellay est un précurseur de la poésie en langue française, qui a laissé de nombreux sonnets de tonalité lyrique, et surtout élégiaque.
« Ce n’est point chose vicieuse, mais grandement louable, emprunter d’une langue étrangère les sentences et les mots, et les approprier à la sienne. »
Défense et illustration de la langue française , 1549
« Et ne vaut-il pas mieux quelque orage endurer,
Que d’avoir toujours peur de la mer importune ?
Par la bonne fortune on se trouve abusé,
Par la fortune adverse on devient plus rusé. »
Les Regrets , 1558
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison
Vivre entre ses parents le reste de son âge. »
Les Regrets , 1558
« Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tibre seul, qui vers la mer s’enfuit,
Reste de Rome. Ô mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps détruit,
Et ce qui fuit, au temps fait résistance. »
Les Antiquités de Rome , 1558