Crédit photo : André Taponier, 1904
Joris-Karl Huysmans, de son vrai son Charles Marie Georges Huysmans, est né le 5 février 1848 à Paris. Il n’a que 8 ans lorsque meurt son père, héritier d’une lignée d’artistes flamands. Après avoir été élève au lycée Saint-Louis de Paris, il fait des études de droit puis devient fonctionnaire du ministère de l’Intérieur et des Cultes en 1868.
En 1876, sa mère décède et il devient le tuteur de ses deux demi-sœurs.
Dans la dernière partie de sa vie, Huysmans se convertit au catholicisme. À partir de 1891, il fréquente l’abbé Mugnier, sur les conseils duquel il effectue plusieurs retraites à la Trappe de Notre-Dame d’Igny, à Solesmes puis Ligugé entre 1892 et 1900, avant de se retirer chez les bénédictins en 1901.
Il est élu premier président de l’académie Goncourt en 1900.
Atteint d’un cancer de la mâchoire, il meurt le 12 mai 1907 à son domicile.
Les Sœurs Vatard - (1879) À Rebours - (1884) Là-bas - (1891) En route - (1895)
C’est en 1874 qu’il adopte le prénom de Joris-Karl pour publier un recueil de poèmes en prose intitulé Le Drageoir à épices, suivi, en 1876, de son premier roman, Marthe, histoire d’une fille. Huysmans se fait remarquer d’Émile Zola, aux côtés duquel il participe au groupe des cinq avec Maupassant, Alexis, Céard et Hennique, notamment en collaborant aux __Soirées de Médan, recueil-manifeste de la jeune école naturaliste, avec sa nouvelle Sac au dos (1880). La même année, Huysmans publie un autre recueil de poèmes en prose : Croquis parisiens. S’il écrit régulièrement des articles de presse pour divers journaux parisiens et belges, Huysmans construit sa carrière littéraire grâce à la publication de plusieurs romans : Les Sœurs Vatard (1879), En ménage (1881), À vau-l’eau (1882). Très tôt, Huysmans se distingue des autres naturalistes, non seulement par son style très visuel et érudit, mais aussi parce que ses romans traduisent un écœurement face au monde moderne.
En 1884, À Rebours constitue une rupture nette avec le naturalisme. Dans ce roman, il met en scène Jean Floressas Des Esseintes, un dandy mélancolique qui rompt avec la société pour laquelle il nourrit un mépris impitoyable afin de se retirer du monde dans une maison où il peut satisfaire toutes ces excentricités, qui vont dégénérer en névroses.
Dans Là-Bas (1891), Huysmans traite du satanisme et exprime sa curiosité pour les phénomènes surnaturels et l’occultisme. Ce roman marque une rupture définitive avec le naturalisme et précède la conversion soudaine de l’auteur au catholicisme qu’il racontera dans En route (1895), La Cathédrale (1898) et L’Oblat (1903). Peu avant sa mort paraissent Trois Primitifs (1905) et Les Foules de Lourdes (1906).
Dans ses débuts, Huysmans fut un défenseur du naturalisme duquel il se détourna pour explorer le mouvement symboliste. Il renoua ensuite avec la tradition de la littérature mystique et catholique.
« Tel qu'un ermite, il était mûr pour l'isolement, harassé de la vie, n'attendant plus rien d'elle ; tel qu'un moine aussi, il était accablé d'une lassitude immense, d'un besoin de recueillement, d'un désir de ne plus avoir rien de commun avec les profanes qui étaient, pour lui, les utilitaires et les imbéciles. »
À Rebours , 1884
« À quoi bon bouger, quand on peut voyager si magnifiquement dans une chaise ? »
À Rebours , 1884
« La réalité ne pardonne pas qu'on la méprise ; elle se venge en effondrant le rêve, en le piétinant, en le jetant en loques dans un tas de boue »
Là-bas , 1891
« Le démon ne peut rien sur la volonté, très peu sur l’intelligence et tout sur l’imagination. »
L’Oblat , 1903