Crédit photo : United States 5th Army, 1944
Fils du célèbre Thomas Mann (auteur de Mort à Venise ou La Montagne magique), Klaus Mann est né à Munich en 1906 au sein d’une famille juive non croyante. Élevé dans un milieu intellectuel, dès 15 ans, il lit les philosophes Platon, Nietzsche, Novalis. Il arrête ses études avant de décrocher l’équivalent du baccalauréat, et part avec sa sœur à Berlin, où elle intègre une troupe de théâtre. Il devient critique dramatique et publie ses premières nouvelles. Dans son premier roman, La Danse pieuse, Mann dévoile publiquement son homosexualité. La difficulté de vivre librement sa sexualité et l’ombre de son père, très critique envers son œuvre, rendent difficiles les années de sa jeunesse.
Mann fait de nombreux voyages, et notamment à Paris où il rencontre André Gide et Jean Cocteau et fréquente les surréalistes, dont il s’éloignera à cause de leur engagement communiste et du culte de la personnalité autour d’André Breton. Sa vision de l’artiste est celle d’un être solitaire, apolitique (qui ne se préoccupe pas de la politique). Il fuit l’Allemagne nazie dès 1933, au moment de l’accession au pouvoir d’Hitler et est déchu de sa nationalité. Au cours des années suivantes, il devient dépressif et drogué. Il s’installe aux États-Unis en 1938, participe à la Deuxième Guerre mondiale dans le service psychologique. Après la guerre, en difficulté financière, bouleversé par le suicide de son ami Stefan Zweig, et après l’échec de plusieurs cures de désintoxication, il se suicide à Cannes en 1949.
Fuite au nord - (1934) Mephisto - (1936) Le Volcan - (1939) Le Tournant - (1952 (posthume))
Klaus Mann a écrit des reportages, des livres politiques, ainsi que des pièces de théâtre et des nouvelles, mais il est surtout connu pour ses romans, dont son plus célèbre est Mephisto, paru en 1936. Ce roman relate la carrière d’un comédien opportuniste qui collabore avec le régime nazi pour faire décoller sa carrière. En dépit de sa vision de l’artiste comme être solitaire, l’œuvre de Klaus Mann est imprégnée par ses positionnements anti-nazis, et est marquée par son expérience d’émigré (Le Volcan). Mann est également l’auteur d’une autobiographie, Le Tournant, qui est devenu un best-seller en France. Malgré ses critiques, Thomas Mann, son père, l’a reconnu après sa mort comme étant l’un des écrivains « les plus doués de sa génération ».
« On a beau être banni de son pays et l’avoir quitté avec un faux passeport, quelque chose de ce pays, qui continue à être votre patrie, est dispersé sur la terre – et ce quelque chose est peut-être ce qu’il y a de meilleur – de sorte que, par bonheur, quand le trouve n’importe où, cela donne l’occasion de retrouvailles, et c’est très agréable, même si c’est un peu triste. »
Fuite au nord , 1934
« L’immonde mensonge s’arroge le pouvoir dans ce pays. Il hurle dans les salles de réunion, dans les microphones, dans les colonnes des journaux, comme sur l’écran. Il ouvre sa gueule d’où s’exhale un relent de pus et de pestilence, qui chasse nombre de gens hors de ce pays, mais s’ils sont forcés d’y rester, le pays devient pour eux une prison – une geôle puante. »
Mephisto , 1936
« La petite chambre se peuplait alors de personnages. Des chants naissaient dans tous les coins de la pièce, des mélodies puissantes et douces montaient et descendaient. De grandes lamentations se faisaient entendre, la tristesse éternelle de toutes les créatures se dressait, une grande félicité chantait et brillait, l’espoir du repos et de la clarté. Andreas, assis au milieu de toutes ces œuvres, la tête entre les mains, lisait, lisait, lisait. »
La Danse pieuse , 1926
« La seule excuse de Dieu, c’est qu’il n’existe pas. »
Le Tournant , 1952