Crédit image : Artiste inconnu, XVIIe siècle
Madeleine de Scudéry perd ses parents alors qu'elle a six ans et elle est élevée par son oncle, qui lui donne une éducation poussée. Grâce à lui, elle fréquente la Cour et le milieu intellectuel de son époque.
Elle a d'abord participé au salon de l'hôtel de Rambouillet avant de lancer son propre salon, où elle se fait connaître sous le surnom de Sappho, en référence à la poétesse grecque. Elle publie sous son nom, mais également sous celui de son frère, un auteur masculin pouvant alors se permettre plus de libertés.
Sa personnalité marquée est à l'origine du mouvement précieux, dont elle est la principale figure. À ce titre, elle sera souvent critiquée ou ridiculisée, mais il faut aussi retenir que ce courant cherche également à affirmer l'égalité des femmes vis-à-vis des hommes. Madeleine de Scudéry est d'ailleurs la première femme à recevoir le prix de l'éloquence de l'Académie française.
Artamène ou le Grand Cyrus - (1649-1653) Clélie, histoire romaine - (1654-1660) Célinte - (1661) Mathilde d'Aguilar - (1667)
Dans son salon, Madeleine de Scudéry lance un nouveau courant littéraire, celui de la préciosité, épris de perfection grammaticale, de poésie amoureuse et de raffinements littéraires.
Elle est l'auteur de nombreux romans, souvent extrêmement longs, qui se déroulent dans une Antiquité fantasmée, hors de toute préoccupation de vraisemblance historique. Elle y propose une vision quelque peu éthérée de l'amour, et une description poétisée de la réalité qui ne va pas sans mélancolie. Ses romans sont pourtant des œuvres à clefs, puisqu'elle transpose dans l'Antiquité la société de son époque.
Dans son roman Clélie, histoire romaine, elle fait figurer pour la première fois la Carte de Tendre, qui devient un cliché du XVIIe siècle galant. Les tics de langage et les préoccupations idéalistes des précieuses seront moqués par Molière dans Les Précieuses ridicules, dont le personnage de Magdelon semble inspiré par Madeleine de Scudéry.
Malgré son sentimentalisme, qui a pu être qualifié de mièvrerie, elle s'est également positionnée fortement contre le mariage, dans lequel elle voyait une institution oppressante à l'égard des femmes.
« Il ne fut jamais un plus beau jour que celui qui devait précéder les Noces de l’illustre Aronce et de l’admirable Clelie : et depuis que le soleil avait commencé de couronner le Printemps de Roses et de Lis, il n’aurait jamais éclairé la fertile Campagne de la délicieuse Capoue, avec des Rayons plus purs, ni répandu plus d’or et de lumière dans les Ondes du fameux Vulturne, qui arrose si agréablement un des plus beaux Pays du Monde. »
Clélie, histoire romaine , 1654-1660
« Pendant que les aventures d’Herminius et de Valérie occupaient la mémoire de tant d’agréables personnes, et que Clelie en les comparant aux siennes, portant ennui au bonheur de Valérie, qui semblait alors avoir droit d’espérer d’être bien plus aisément heureuse qu’elle, et qui avait toujours la consolation de voir celui dont elle était aimée, lui donner mille nouvelles marques d’amour, Titus et Tiberius pensaient à la résolution qu’ils devaient prendre. »
Clélie, histoire romaine , 1654-1660
« Trois ou autre jour après la Magnifique Entrée de la Reine, je fus me promener au Bois de Vincennes, avec cinq ou six Personne de beaucoup de mérite, à qui je donnerai des noms supposés. Ce n’est pas que les leurs ne soient fort illustres, mais ceux que je leur donne étant plus agréables, seront peut-être plus à propos en une conversation galante. »
Célinte , 1661
« Nous partîmes de Paris à deux carrosses le plus beau jour de l’Automne, pour l’aller passer à une de ces agréables maisons qui sont au bord de la Seine du côté qu’elle descend. Nous étions cinq femmes, et il y avait quatre hommes avec nous, dont l’esprit était assurément très propre à rendre une compagnie fort agréable. »
Mathilde d’Aguilar , 1667