Née dans les environs de Londres en 1797, Mary Shelley est une femme de lettres essentiellement connue pour son roman Frankenstein ou le Prométhée moderne. Elle reçoit une bonne éducation de son père, l’écrivain politique William Godwin (sa mère, la féministe Mary Wollstonecraft, décède peu de temps après sa naissance). Adolescente, Mary fait la connaissance du poète Percy Shelley, un ami de son père. Ils tombent amoureux, et bien que Shelley soit un homme marié, ils partent voyager en Europe malgré de lourdes dettes. En 1816, après le suicide de la femme de Percy, le couple se marie puis séjourne à Genève, où Mary écrira Frankenstein. En 1818, après la mort de leur premier enfant, le couple s’installe en Italie. Après la mort d’encore deux de leurs enfants, Mary donne finalement naissance à Percy Florence Shelley, qui survivra. Après la mort de son mari en 1822, Mary retourne en Angleterre. En 1851, elle décède d’une tumeur au cerveau, à Londres.
Frankenstein ou le Prométhée moderne - (1818) Mathilda - (1819) Valperga - (1823) Le Dernier homme - (1826)
Parmi les œuvres qui ont influencé la production littéraire de Mary Shelley, on peut citer les romans historiques de Walter Scott, un auteur contemporain populaire, et le roman gothique, représenté notamment par les œuvres de Ann Radcliffe. C’est dans les années 1970 que l’œuvre de Mary Shelley a été redécouverte et est maintenant largement étudiée. Son roman le plus connu, Frankenstein, apparaît comme une œuvre assez pessimiste dans laquelle les idéaux sociaux et politiques des Lumières sont impuissants à améliorer la condition humaine, tout comme l’idéal romantique qui met davantage en lumière l’individu et le pouvoir de son imagination. On peut également souvent lire dans ses écrits l’influence de sa propre biographie, marquée par les rapports conflictuels avec son père qui désapprouvait sa relation avec Percy Shelley, la mort de ses enfants, puis de son mari, ou encore ses amis, comme le poète Lord Byron, dont le personnage de Lord Raymond dans Le Dernier homme semble inspiré.
« Nous, humains, sommes des créatures incomplètes, ne vivant qu’à moitié, si un être plus sage, meilleur, plus cher que nous-même – ce que devrait être un véritable ami-, n’est pas là, pour nous apporter son aide, pour améliorer notre nature faible et imparfaite. »
Frankenstein ou le Prométhée moderne , 1818
« Hélas, pourquoi l’homme s’enorgueillit-il d’être doté d’une sensibilité supérieure à celle de la brute ; elle ne contribue qu’à augmenter sa vulnérabilité. Nous accéderions presque à la liberté si nos instincts se limitaient à la faim, à la soif et au désir ; mais le moindre vent, le moindre mot (ou la scène qu’il évoque) nous émeuvent. »
Frankenstein ou le Prométhée moderne , 1818
« Il n’est plus de matin à cette nuit sans fin ; plus de lever pour le soleil couché de l’amour. En ce temps-là, le reste du monde ne représentait rien pour moi ; les autres hommes, je n’ai jamais remarqué leur existence, et je ne vous ai jamais pris pour l’un d’eux. Distincts de chacun d’eux, exalté par mon cœur, seul détenteur de mes émotions, seul objet de mes espoirs, vous étiez la meilleure moitié de moi-même. »
Le Dernier homme , 1826
« Apprenez donc, sinon par mes préceptes, du moins par mon exemple, combien il est redoutable d’acquérir certaines connaissances, et combien plus heureux que l’homme qui aspire à devenir plus grand que sa nature ne l’y destine, est celui qui s’imagine que sa ville natale est le pivot de l’univers. »
Frankenstein ou le Prométhée moderne , 1818