Crédit portrait : Portrait de Miguel de Cervantes, attribué à Juan de Jauregui, vers 1600, ©Académie royale d’histoire, Madrid
On sait très peu de choses précises sur la vie de Cervantès. On ignore où il est né, et on suppose, mais sans certitude, qu’il a fait des études, notamment à Madrid, où il découvre le théâtre.
Jeune homme épris d’aventures, il s’engage dans l’armée espagnole de Naples. À ce titre, il participe à la bataille de Lépante le 7 octobre 1571. C’est lors de cette bataille qu’il est blessé à la main gauche, qui restera par la suite paralysée.
En 1575, alors qu’il s’est embarqué pour rentrer en Espagne, son bateau est capturé par des pirates turcs, et Cervantès est envoyé comme prisonnier à Alger. Il y resta prisonnier cinq années, au cours desquelles il tenta de s’évader quatre fois. Il fut finalement libéré contre rançon.
De retour en Espagne, Cervantès se marie et se met à l’écriture. Sa vie reste mouvementée, puisque, alors qu’il travaille comme percepteur des impôts, il est accusé de détournement de fonds et arrêté plusieurs fois.
Galatée - (1584 ) Nouvelles exemplaires - (1613) Persille et Sigismonde, histoire septentrionale - (1617) L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche - (1605-1615)
L’œuvre de Cervantès est marquée par son goût de l’aventure et par son inépuisable imagination, puisant en partie dans les péripéties de sa propre vie.
Son écriture est d’une grande modernité de par son mélange de réalisme et de fantaisie. Empreint de beaucoup d’humour et de légèreté, qui expliquent une partie de son succès, elle se caractérise également par une recherche formelle, qui n’est jamais pesante, portant notamment sur la structure des récits et sur un jeu permanent avec les différents genres littéraires.
Son récit le plus célèbre est le Don Quichotte, mettant un scène un hidalgo se prenant pour un chevalier errant et croyant à tort vivre de folles aventures. Parodiant les romans de chevalerie à la mode à son époque, il contribue à fermer cette page de la littérature espagnole et à lancer le roman picaresque. Ce roman, très moderne par sa structure, mais également porté par un personnage remarquable, a eu une très forte influence sur toute l’histoire de la littérature européenne.
« Je ne veux rien offrir à la beauté que j’aime
Hélas ! je n’eus jamais que mon cœur et mon chien.
Mon cœur depuis longtemps est devenu son bien ;
Mon chien la suit déjà comme un autre moi-même. »
Galatée , 1854
« Il s’occupait à écrire dans un cahier, et, de temps à autre, se frappait le front et se rongeait les ongles […]. D’autres fois, il demeurait si rêveur qu’il ne remuait plus ni pied ni main. […] Tout ceci me donna à entendre que le malheureux était poète. »
Nouvelles exemplaires , 1613
« Notre gentilhomme se donnait avec un tel acharnement à ses lectures qu’il y passait ses nuits et ses jours, du soir jusqu’au matin et du matin jusqu’au soir. Il dormait si peu et lisait tellement que son cerveau se dessécha et qu’il finit par perdre la raison. »
L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche , 1615
« Belle et noble dame, j’aimerais pouvoir payer de retour l’insigne faveur que vous me faites en dévoilant à mes yeux votre beauté sans égale. Mais la Fortune, qui jamais ne se lasse de persécuter les gens de bien, m’a jeté dans ce lit, moulu et brisé, de sorte qu’il me sera impossible, malgré tout le désir que j’en ai, de satisfaire le vôtre. À cette impossibilité s’en ajoute une autre plus grande encore : c’est la fidélité que j’ai promise et jurée à l’incomparable Dulcinée du Toboso, unique dame de mes plus secrètes pensées. Sans cet obstacle majeur, je ne serais pas assez sot pour laisser passer cette heureuse occasion, que dans votre immense bonté vous avez daigné m’offrir »
L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche , 1615