Fille d’un artisan boucher, Marie Gouze est issue de la petite bourgeoisie. Toutefois, elle ne cessera de répéter qu’elle vient d’une famille noble et qu’elle est la fille du marquis Le Franc de Pompignan.Elle épousa très tôt l’officier de bouche (cuisinier) Louis-Yves Aubry, et devint veuve à l’âge de 17 ans. Elle ne souhaite pas se remarier, pour profiter des privilèges de ce statut pour une femme du XVIIIe siècle.
Elle part donc à Paris, se prend un pseudonyme et devient Olympe de Gouges. Elle commence alors à beaucoup écrire. Des articles de journaux, mais aussi du théâtre et des vers. Quand la Révolution éclate en 1789, elle trouve le véritable sens de sa vie dans la défense de l’égalité des droits. Elle ne supporte aucune injustice et se tourne donc du côté des révolutionnaires, après avoir d’abord soutenu le royalisme. Mais quand elle apprend que l’Assemblée constituante, prémisse de notre Assemblée nationale, prive les femmes d’un grand nombre de libertés, elle va écrire une déclaration pour prendre leur défense. Cet acte fait d’elle une figure emblématique de ce qu’on appelle aujourd’hui le féminisme.
Ancienne Girondine, aristocrate, contestataire favorable à une monarchie constitutionnelle : elle meurt guillotinée le 3 novembre 1793.
Zamore et Mirza - (1784) La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne - (1791)
Il n’y a pas beaucoup d’œuvres d’Olympe de Gouges qui sont passées à la postérité. Certes, ses pièces seront jouées à la Comédie-Française et à la Comédie-Italienne, mais beaucoup tomberont dans l’oubli. Zamore et Mirza ou l’heureux naufrage est son texte théâtral le plus célèbre. Il est très pertinent dans sa critique de l’esclavage et de la colonisation.
Cependant, ce sont surtout ses écrits strictement politiques qui vont retenir l’attention à son époque, comme aujourd’hui. Elle se fait une spécialité du style pamphlétaire, produisant des textes courts et violents dans lesquels elle n’hésite pas à attaquer des personnages célèbres ou des institutions.
Ainsi on retient surtout d’elle La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Ce texte est un détournement littéraire de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le texte fondateur de notre Révolution. C’est un de texte juridique, qui reprend presque point par point la structure du texte original rédigé par les députés. Écrit dans l’urgence, Olympe de Gouges espère par ce texte influer sur la rédaction de la Constitution Elle s’adresse aux femmes et les invite à prendre conscience qu’elles sont trop soumises aux hommes. Elle s’adresse aussi aux hommes, à qui elle réclame davantage de droits, mais plus généralement, son discours réclame l’égalité économique et politique pour les femmes.
« La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne , 1791
« La Femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune. »
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne , 1791
« Toute société, dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution ; la Constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la nation n’a pas coopéré à sa rédaction. »
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne , 1791
« Esclaves, écoutez-moi ; si jamais on change votre destinée, ne perdez point de vue l’amour du bien public, qui jusqu’à présent vous fut étranger. Sachez que l’homme, dans sa liberté, a besoin encore d’être soumis à des lois sages et humaines, et sans vous porter à des excès répréhensibles, espérez tout d’un Gouvernement éclairé et bienfaisant. »
Zamore et Mirza , 1784