Crédit photo : auteur inconnu, 1927
Claudel naît dans une famille bourgeoise et cultivée qui s'installe à Paris en 1882 pour permettre à sa sœur, la sculptrice Camille Claudel, de poursuivre sa formation. Paul Claudel étudie au lycée Louis-le-Grand puis à l'École libre des sciences politiques. Il est marqué par une révélation religieuse survenue le 25 décembre 1886, à l'issue de laquelle il se convertit au catholicisme. Il est également très marqué par les Illuminations de Rimbaud.
Claudel entre dans le corps diplomatique en 1893, carrière qui le mène d'abord à New York et Boston, puis à Shanghai en tant que consul. Il sera également en poste en Chine, à Prague, en Allemagne, à Rio de Janeiro, puis ambassadeur à Tokyo, à Washington et à Bruxelles.
En 1913, il fait interner sa sœur Camille Claudel dans un asile d'aliéné où elle restera jusqu'à sa mort en 1943. Paul Claudel n'ira la voir que douze fois et ne lui offrira aucune sépulture après sa mort.
À sa retraite, il se consacre uniquement à son activité littéraire. Au moment de la guerre d'Espagne, Claudel apporte son soutien aux franquistes, ce qui lui vaudra de nombreuses critiques. Ses convictions conservatrices et religieuses le conduisent d'abord à prendre le parti du gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de changer d'avis à partir de 1941.
En 1946, Claudel entre à l'Académie française.
Tête d'or - (1890) Connaissance de l'Est - (1900) Partage de midi - (1906) Le Soulier de satin - (1929)
L'œuvre de Claudel est marquée par son expérience de conversion religieuse qui lui fournira une source d'inspiration durant toute sa vie. Sa passion pour une femme mariée, avec laquelle il aura une liaison entre 1900 et 1904, nourrira également son travail littéraire.
C'est d'abord en tant que poète que Claudel se fera connaître, publiant en 1900 Connaissance de l'Est, ensemble de poèmes en prose décrivant la Chine. En effet, les pays dans lesquels il séjourna l'influencèrent souvent, ce dont témoigne les Cent phrases pour éventails, paru en 1942, qui rassemble de courts textes inspirés du genre du haïku et écrits en collaboration avec des peintres japonais.
Mais Claudel est aussi et avant tout un dramaturge. Son premier drame, Tête d'or, croise les influences du symbolisme et du catholicisme. Ses pièces sont souvent très longues, mettant en scène un grand nombre de personnages, mais furent pourtant représentées de son vivant. C'est notamment le cas du Soulier de satin, drame à l'esthétique baroque, qui se perd dans une multitude d'intrigues et de personnages. Bien que le style de Claudel soit volontiers lyrique et passionné, il n'hésite pas à y mêler un registre comique et ses pièces les plus dramatiques sont parsemées d'éléments cocasses.
« Dieu est avare et ne permet qu'aucune créature soit allumée,
Sans qu'un peu d'impureté s'y consume,
La sienne ou celle qui l'entoure, comme la braise de l’encensoir qu’on attise ! »
L’Annonce faite à Marie , 1912
« Tu m'appelles la Rose
dit la Rose
mais si tu savais
mon vrai nom
je m'effeuillerais
aussitôt. »
Cent phrases pour éventails , 1942
« Je l'aimais. Quand je l'ai vue, j'ai été comme inondé de soleil, toute mon âme en peu de temps est sortie du brouillard à sa rencontre comme un palais qu'on ne soupçonnait pas. »
Le Soulier de satin , 1929
« Il est une conception dans la joie, je le veux, il est une vision dans le rire. Mais ce mélange de béatitude et d’amertume que comporte l’acte de la création, pour que tu le comprennes, ami, à cette heure où s’ouvre une sombre saison, je t’expliquerai la tristesse de l’eau. »
Connaissance de l’Est , 1900