Crédit portrait :Paul Scarron, artiste inconnu, XVIIe siècle, musée de Tessé, France__
Paul Scarron est issu de la noblesse de robe. En 1629, il entre dans les ordres puis vit au Mans, auprès de l’évêque Charles de Beaumanoir. À partir de 1638, sa santé se dégrade : il est atteint d’une maladie qui le paralyse peu à peu. Il devient incapable de bouger et son corps le fait souffrir. Il est alors contraint de se déplacer dans un fauteuil roulant et de prendre de l’opium pour soulager sa douleur. Ses mains sont l’une des rares parties de son corps encore mobiles, et il se met à écrire à partir de 1643.
En 1652, il retourne à Paris et épouse une jeune orpheline de seize ans, Françoise d’Aubigné, petite-fille d’Agrippa d’Aubigné et qui deviendra Madame de Maintenon. Il tient alors un salon qui est très prisé.
Le Typhon - (1644) L’Héritier Ridicule - (1650) Le roman comique - (1657) Virgile travesti - (1653)
Scarron est surtout connu pour son Roman comique, mais l’ensemble de son œuvre correspond à cette veine burlesque, propre à la comédie du XVIIe siècle. Ce roman tranche sur la littérature sentimentale et précieuse de son époque par sa simplicité, son humour et sa joie franche. Il s’agit d’un roman inachevé, Scarron étant mort avant d’en avoir écrit la troisième partie.
Outre ce roman, Scarron a écrit de nombreuses comédies pour le théâtre, généralement imitées de modèles espagnols, selon le goût de l’époque.
« Le soleil avait achevé plus de la moitié de sa course et son char, ayant attrapé le penchant du monde, roulait plus vite qu’il ne voulait. Si les chevaux eussent voulu profiter de la pente du chemin, ils eussent achevé ce qui restait du jour en moins d’un demi-quart d’heure ; mais au lieu de tirer de toute leur force, ils ne s’amusaient qu’à faire des courbettes, respirant un air marin qui les faisait hennir et les avertissait que la mer était proche, où l’on dit que leur maître se couche toutes les nuits. Pour parler plus humainement et plus intelligiblement, il était entre cinq et six quand une charrette entra dans les halles du Mans. »
Le roman comique , 1657
« Sache le sot qui s’en scandalise que tout homme est sot en ce bas monde, aussi bien que menteur, les uns plus et les autres moins ; et moi qui vous parle, peut-être plus sot que les autres, quoique j’aie plus de franchise à l’avouer et que mon livre n’étant qu’un ramas de sottises, j’espère que chaque sot y trouvera un petit caractère de ce qu’il est, s’il n’est pas trop aveuglé de l’amour-propre. »
Le roman comique , 1657
« Quand une personne qui parle beaucoup se rencontre tête à tête avec une autre qui ne parle guère et qui ne lui répond pas, elle en parle davantage ; car, jugeant d’autrui par soi-même et voyant qu’on n’a point reparti à ce qu’elle a avancé, comme elle aurait fait en pareille occasion, elle croit que ce qu’elle a dit n’a point assez plu à son indifférent auditeur ; elle veut réparer sa faute par ce qu’elle dira, qui vaut le plus souvent encore moins que ce qu’elle a déjà dit, et ne déparle point tant qu’on a de l’attention pour elle. »
Le roman comique , 1657
« Tant que dura la comédie, Ragotin lui cria de même force qu’il s’assît et La Baguenodière le regarda toujours d’un même flegme capable de faire enrager tout le genre humain. On eût pu comparer La Baguenodière à un grand dogue et Ragotin à un roquet qui aboie après lui sans que le dogue en fasse autre chose que d’aller pisser contre une muraille. »
Le roman comique , 1657