Crédit photo : Studio Harcourt, 1938
Paul Valéry est né à Sète, d'une famille d'origine corse et génoise. Après des études secondaires à Sète et à Montpellier, il fait des études de droit et se met à écrire une poésie qui se rattache au mouvement symboliste. Il rencontre Pierre Louÿs, André Gide et Mallarmé, qui l'encourageront à poursuivre sa vocation.
Dans la nuit du 4 au 5 octobre 1892, à Gêne, il connaît une profonde crise existentielle qui détermine l'orientation de sa vie, puisqu'il décide de se consacrer à ce qu'il appelle " la vie de l'esprit ". Il se détourne alors de la poésie. Après cette nuit, il prend l'habitude de noter chaque matin ses réflexions, discipline qu'il gardera toute sa vie. Ces cahiers seront publiés après sa mort.
En 1894, Valéry s'installe à Paris et travaille comme rédacteur au ministère de la Guerre. Il y rencontre Paul Léautaud. Il occupe ensuite différentes fonctions administratives et intellectuelles.
En 1917, Valéry reprend l'écriture poétique et publie La Jeune Parque, à laquelle il a travaillé quatre ans. D'autres recueils suivront ce chef d'œuvre, qui valent à Valéry une immense notoriété.
Pendant l'Occupation, Valéry se positionne clairement en prononçant l'éloge funèbre de Bergson, dont la judaïté avait fait un proscrit. Il est membre du Front national de la résistance, et meurt peu de temps après la fin de la guerre, le 20 juillet 1945. Il est inhumé à Sète, au cimetière marin auquel il avait consacré un vaste poème.
La Soirée avec monsieur Teste - (1896) La Jeune Parque - (1917) Le Cimetière marin - (1920) Cahiers - (Publications posthumes)
La poésie de Valéry est celle d'un styliste, adepte d'un grand formalisme, au détriment du sens : « Mes vers ont le sens qu'on leur prête » explique-t-il. En cela, il est proche de Mallarmé, dont il sera toujours un ami fidèle.
Mais Valéry n'est pas seulement un poète formaliste et symboliste : c'est surtout un homme de réflexion, tour à tour philosophe et critique littéraire. Cette partie de son œuvre, la plus vaste, est écrite à l'écart du public, et parfois publiée après sa mort seulement. Outre des analyses sur la littérature et la peinture, on y trouve des réflexions critiques sur l'histoire et sur la civilisation, thèmes qui accompagneront Valéry toute sa vie. Il était également lecteur et commentateur des philosophes, notamment de Nietzsche.
« Paris enferme et combine, et consomme ou consume la plupart des brillants infortunés que leurs destins ont appelés aux professions délirantes… Je nomme ainsi tous ces métiers dont le principal instrument est l’opinion que l’on a de soi-même, et dont la matière première est l’opinion que les autres ont de vous. Les personnes qui les exercent, vouées à une éternelle candidature, sont nécessairement toujours affligées d’un certain délire des grandeurs qu’un certain délire de la persécution traverse et tourmente sans répit. »
La Soirée avec monsieur Teste , 1896
« La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux ! »
Le Cimetière marin__ , 1920
« Le vent se lève ! … il faut tenter de vivre ! »
Le Cimetière marin , 1920
« L’histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines. L’histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout. »
Regards sur le monde actuel , 1931