Crédit photo : Paul Nadar, 1856
Théophile Gautier naît le 30 août 1811 à Tarbes. L’avancement professionnel de son père amène la famille à s’établir à Paris. Il entre au collège Charlemagne où il rencontre Nerval qui deviendra un de ses plus proches amis. Sa première vocation est la peinture, qu’il pratique dans l’atelier du peintre Rioult. En 1839, Nerval lui présente Victor Hugo. Il renonce à la peinture pour se consacrer à la littérature et se range du côté des romantiques lors de la « bataille d’Hernani » du 25 février 1830 où il arbore fièrement le fameux gilet rouge. Gautier incarne dès lors le symbole d’une génération de romantiques excentriques se réunissant lors des rencontres du Petit-Cénacle.
Gautier aurait souhaité se vouer entièrement à la poésie mais les nécessités financières l’obligent à diversifier sa plume. Il est alors très actif dans la presse et rédige des romans-feuilletons.
De sa liaison avec Eugénie Fort, qu’il n’épousera pas, naît un fils nommé Théophile. En 1840, il rencontre la danseuse de ballet Carlotta Grisi dont il tombe amoureux, mais c’est avec sa sœur, la cantatrice Ernesta Grisi, que l’auteur s’installe et aura deux filles : Judith et Estelle.
Gautier meurt le 23 octobre 1872.
Mademoiselle de Maupin - (1835) Émaux et Camées - (1852) Le Roman de la momie - (1857) Le Capitaine Fracasse - (1863)
Théophile Gautier s’illustra dans plusieurs genres littéraires. Son œuvre poétique est notamment marquée par la publication des recueils Albertus (1833), La Comédie de la mort (1838) et Émaux et camées (1852).
Mademoiselle de Maupin, paru en 1835, est son premier roman dont la préface, manifeste de la théorie de « l’art pour l’art », fit scandale. Son œuvre romanesque se compose aussi de romans et nouvelles fantastiques tels que La Morte amoureuse (1836), Le Roman de la momie (1857) ou Spirite (1865), et du célèbre roman de cape et d’épée Le Capitaine Fracasse (1863). D’autres écrits témoignent de sa sensibilité romantique (La Toison d’or, 1839) ou de son excentricité littéraire (Les Jeunes France, 1833 ; Fortunio, 1837).
Critique artistique et littéraire prolifique, Gautier s’essaya aussi à l’écriture théâtrale (Une Larme du diable, 1839) ainsi qu’à la rédaction de livrets de ballets (Giselle, 1841).
De ses nombreux récits de voyage, le plus connu reste Voyage en Espagne (1843).
La mort l’emporta avant qu’il puisse terminer son Histoire du romantisme dans laquelle la nostalgie de ses jeunes années teinte le récit des événements littéraires marquants de son époque.
Les thèmes chers à Gautier sont la mélancolie, l’amour du beau, la beauté féminine, l’Orient, la quête de l’identité, le surnaturel, l’ironie…
Gautier fut un témoin et un acteur important de la vie artistique et littéraire de son temps. Il influença le mouvement littéraire du Parnasse et Baudelaire lui dédia ses Fleurs du mal en 1857.
« Le lecteur aura sans doute remarqué que ces dernières pages ne valent pas le diable ; cela n’est pas difficile à voir. Tout cela est d’un fade et d’un banal à vous donner des nausées […]. Le style est de la platitude la plus exemplaire, et cet interminable dialogue n’est autre chose qu’un tissu de lieux les plus communs qu’il soit. Il n’y a pas un seul trait spirituel, et, levant la paille, l’auteur qui a écrit cela n’est qu’un petit grimaud à qui il faudrait donner du pied au cul, et dont on devrait jeter le livre au feu.
Mais, à bien considérer les choses comme elles sont, on verra que la faute n’en est peut-être pas entièrement à l’auteur […] ; il a été trompé comme vous, il ne s’imaginait pas avoir à écrire une histoire aussi ordinaire, en entreprenant celle d’un jeune homme aussi excentrique que notre ami Rodolphe. »
« Celle-ci et celle-là », Les Jeunes France , 1833
« Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid. »
Mademoiselle de Maupin, préface , 1835
« Ô beauté ! nous ne sommes créés que pour t’aimer et t’adorer à genoux, si nous t’avons trouvée, pour te chercher éternellement à travers le monde, si ce bonheur ne nous a pas été donné ; mais te posséder, mais être nous-mêmes toi, cela n’est possible qu’aux anges et aux femmes. Amants, poètes, peintres et sculpteurs, nous cherchons tous à t’élever un autel, l’amant dans sa maîtresse, le poète dans son chant, le peintre dans sa toile, le sculpteur dans son marbre ; mais l’éternel désespoir, c’est de ne pouvoir faire palpable la beauté que l’on sent et d’être enveloppé d’un corps qui ne réalise point l’idée du corps que vous comprenez être le vôtre. »
Mademoiselle de Maupin_ , 1835
__« Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
Lorsqu’il est sans blessure il garde son trésor.
Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d’or ! »
« Le Pin des Landes », España , 1845