Épreuve de philosophie de la voie générale
Épreuve écrite (4 heures)
Sujet zéro n° 2
Le candidat traite, au choix, l’un des quatre sujets proposés.
Dissertations
Sujet 1
Y a-t-il de justes inégalités ?
Sujet 2
L’unanimité est-elle un critère de vérité ?
Sujet 3
Faut-il du temps pour devenir soi-même ?
Explication de texte philosophique
Sujet 4
Expliquer le texte suivant :
Quand je m’acquitte de ma tâche de frère, d’époux ou de citoyen, quand j’exécute les engagements que j’ai contractés, je remplis des devoirs qui sont définis, en dehors de moi et de mes actes, dans le droit et dans les moeurs. Alors même qu’ils sont d’accord avec mes sentiments propres et que j’en sens intérieurement la réalité, celle-ci ne laisse pas d’être objective1 ; car ce n’est pas moi qui les ai faits, mais je les ai reçus par l’éducation. Que de fois, d’ailleurs, il arrive que nous ignorions le détail des obligations qui nous incombent et que, pour les connaître, il nous faut consulter le Code et ses interprètes autorisés ! De même, les croyances et les pratiques de sa vie religieuse, le fidèle les a trouvées toutes faites en naissant ; si elles existaient avant lui, c’est qu’elles existent en dehors de lui. Le système de signes dont je me sers pour exprimer ma pensée, le système de monnaies que j’emploie pour payer mes dettes, les instruments de crédit que j’utilise dans mes relations commerciales, les pratiques suivies dans ma profession, etc., etc., fonctionnent indépendamment des usages que j’en fais. Qu’on prenne les uns après les autres tous les membres dont est composée la société, ce qui précède pourra être répété à propos de chacun d’eux. Voilà donc des manières d’agir, de penser et de sentir qui présentent cette remarquable propriété qu’elles existent en dehors des consciences individuelles.
DURKHEIM, Les Règles de la méthode sociologique (1895).
1 « ne laisse pas d’être objective » : demeure objective