L'affirmation de l'État royal : Capétiens et Valois
Introduction :
Au Xe siècle, la France est divisée en de nombreux fiefs. Certains seigneurs sont beaucoup plus puissants que le roi et contestent son autorité. Du XIe au XVe siècle, la dynastie capétienne s’impose peu à peu face aux seigneurs et renforce le pouvoir royal. Les rois capétiens d’abord puis leurs cousins les Valois transforment progressivement la France en un État monarchique.
Dans cette leçon, nous allons nous interroger sur l’affirmation de l’État royal face aux seigneurs, dans le royaume de France, entre le XIe et le XVe siècle.
Dans une première partie, nous verrons que, dans un contexte féodal fort, les premiers rois capétiens peinent à imposer leur autorité. Dans une deuxième partie, nous étudierons les débuts de la construction de l’État royal. Enfin, dans une troisième partie, nous nous pencherons sur l’affirmation de l’État monarchique sous les Capétiens-Valois.
Les premiers Capétiens : des rois faibles au temps de la féodalité (XIe-XIIe siècles)
Les premiers Capétiens : des rois faibles au temps de la féodalité (XIe-XIIe siècles)
Hugues Capet, le premier roi capétien
Hugues Capet, le premier roi capétien
En 987, les seigneurs élisent Hugues Capet comme roi des Francs. Il est sacré et couronné à Reims.
Sacre :
Cérémonie religieuse organisée pour le couronnement des rois et des empereurs.
Sur cette miniature, on peut voir une représentation du sacre d’Hugues Capet.
Le sacre d’Hugues Capet. BNF, Paris. Miniature des Grandes Chroniques de France, manuscrit du XIVe siècle
Cependant, les seigneurs sont peu disposés à obéir à ce nouveau roi car leurs fiefs sont beaucoup plus vastes que le domaine royal ce qui en rend certains beaucoup plus puissants que le roi.
Fief :
Ensemble des terres qu’un seigneur remet à son vassal en échange de sa fidélité et de ses services.
Domaine royal :
C’est l’ensemble des terres dont le roi est le seigneur et dont il tire des revenus.
Hugues Capet a fait sacrer son fils en même temps que lui en 987. Celui-ci lui succède en 996. Après lui, ses successeurs feront de même.
Ils associent leur fils aîné au trône et créent ainsi une nouvelle dynastie : la dynastie capétienne.
Dynastie :
Il s’agit d’une succession de rois issus de la même famille.
Les premiers Capétiens : des rois faibles
Les premiers Capétiens : des rois faibles
Les premiers Capétiens sont des rois faibles. Leur domaine royal est très limité, il s’étend d’Orléans à Paris.
De plus, ils doivent faire face à de puissants seigneurs qui se partagent les terres du royaume. Pour prendre des décisions, le roi convoque la Cour, composée de grands vassaux et d’évêques.
Vassal :
C’est un seigneur qui a juré loyauté à un autre seigneur, son suzerain. Parfois, cet autre seigneur est le roi lui-même. Le vassal doit à son suzerain conseil, aide militaire et aide financière.
Pour autant, le roi détient une grande autorité morale. Celle-ci lui est conférée par son sacre, véritable mise en scène religieuse.
Cette cérémonie se déroule le plus souvent dans la cathédrale de Reims. Lors de la cérémonie, l’évêque utilise l’huile de la Sainte Ampoule, qui aurait servi au baptême de Clovis, le premier roi chrétien du royaume des Francs. Ce rite religieux permet de donner une justification religieuse au pouvoir royal.
Sainte Ampoule :
Flacon contenant une pommade, dont une petite portion était mélangée à du saint chrême, un mélange d’huile végétale et de parfums, pour servir à l’onction des rois lors de la cérémonie du sacre. Elle était conservée à l’abbaye Saint-Rémi de Reims.
L’onction :
Geste religieux réalisé lors d’une cérémonie et qui consiste à appliquer de l’huile sainte sur une personne.
Le roi reçoit les insignes du pouvoir : la couronne, le sceptre, la main de justice et l’épée. Cette cérémonie du sacre fait de lui un élu de Dieu.
Le roi de France est au-dessus de tous les seigneurs : il n’est le vassal de personne.
Cette légitimité lui permet de confisquer des terres aux vassaux qui lui sont insoumis.
D’abord faibles et en manque d’autorité, les rois capétiens vont combattre leurs vassaux les plus rebelles pour les soumettre à leur pouvoir.
- À partir du XIIIe siècle, les Capétiens étendent peu à peu le domaine royal et construisent un État.
Les Capétiens : la construction de l’État royal (XIIIe siècle)
Les Capétiens : la construction de l’État royal (XIIIe siècle)
Philippe Auguste, le premier roi de France
Philippe Auguste, le premier roi de France
Au XIIIe siècle, le pouvoir royal des Capétiens s’accroît et leur domaine s’étend grâce au rachat de seigneuries, aux mariages avec de riches héritières et aux victoires dans les guerres contre les seigneurs.
Philippe Auguste, qui règnera de 1180 à 1223 agrandit considérablement le domaine royal. Comme on peut le voir sur cette carte, à l’issue de la bataille de Bouvines, en 1214, il confisque à son plus puissant rival, le roi d’Angleterre, une grand partie de ses fiefs : la Normandie, le Maine, l’Anjou, la Touraine et le Poitou.
Philippe Auguste est le premier roi capétien à prendre le titre de roi de France, et non plus roi des Francs.
Il fait de Paris sa capitale et nomme des baillis au nord et des sénéchaux au sud pour le représenter dans le domaine royal.
Baillis et sénéchaux :
Officiers au service du roi qui s’occupent de la justice, des finances et de l’armée royale.
Louis IX et le renforcement de l’administration
Louis IX et le renforcement de l’administration
Louis IX dit Saint Louis, roi de France entre 1226 et 1270, renforce son autorité sur le royaume et les seigneurs.
Il s’entoure de conseillers spécialisés pour pouvoir mieux gouverner et met en place une véritable administration royale. Cette administration est constituée d’un conseil du roi, qui discute avec le roi des affaires politiques, d’un parlement qui s’occupe de la justice, et d’une cour des comptes qui gère les finances royales. L’administration centrale s’ajoute à l’administration provinciale composée des baillis et des sénéchaux mise en place par Philippe Auguste.
Saint Louis crée également une monnaie royale, l’écu, diffusée dans l’ensemble du royaume. Enfin, il dicte sa justice et règne sur tout le royaume grâce à des ordonnances.
Ordonnance :
Il s’agit d’une décision royale qui a valeur de loi et qui est applicable dans l’ensemble du royaume.
Philippe le Bel
Philippe le Bel
Philippe le Bel, roi de 1285 à 1314 consolide l’administration organisée par Louis IX.
Il s’entoure de légistes, des conseillers juridiques spécialistes du droit et de la loi. Il crée également les États-Généraux.
États-Généraux :
Assemblée composée de membres du clergé, de grands seigneurs et de représentants des villes du royaume. Les États-Généraux sont réunis par le roi pour obtenir une aide financière.
Philippe le Bel renforce ainsi son autorité et l’unité du royaume. D’ailleurs, il n’accepte plus que, depuis Rome, le pape Boniface VIII s’immisce dans les affaires du royaume. Conseillé par ses légistes, il parvient à faire élire un pape français, qui lui est soumis.
En renforçant leur autorité dans le royaume, les rois capétiens deviennent des souverains. Ils posent ainsi les bases de ce qui va bientôt devenir l’État monarchique.
L’affirmation de l’État monarchique : les Capétiens-Valois (XIVe-XVe siècles)
L’affirmation de l’État monarchique : les Capétiens-Valois (XIVe-XVe siècles)
La guerre de Cent ans (1337-1453)
La guerre de Cent ans (1337-1453)
En 1328, le roi de France Charles IV, héritier de la dynastie des capétiens meurt sans enfant. Les seigneurs français choisissent son cousin, Philippe de Valois, pour lui succéder.
C’est le début de la dynastie capétienne indirecte des Valois qui va s’étendre de 1328 à 1589.
On dit que c’est une dynastie « indirecte » car Philippe de Valois n’est pas un descendant direct de Charles IV.
Le roi d’Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel, revendique lui aussi la Couronne. Le conflit reprend donc entre le roi de France et son vassal, le roi d’Angleterre.
C’est le début d’une longue guerre qui dévaste le royaume : la guerre de Cent ans. On dit qu’elle dure plus d’un siècle car elle débute en 1337 et s’achève en 1453. En réalité, ce siècle a été entrecoupé de périodes de paix.
Après la victoire anglaise d’Azincourt en 1415, les troupes du roi d’Angleterre occupent le nord de la France.
La bataille d’Azincourt, le 25 octobre 1415. Miniature tirée de l’Abrégé de la Chronique d’Enguerrand de Monstrelet, XVe siècle, Paris, BNF
La reconquête du royaume de France
La reconquête du royaume de France
Cinq ans plus tard, suite à cette défaite, le fils du roi Charles VI, qui aurait dû hériter du trône, est écarté par le roi d’Angleterre.
Cependant, à la mort de son père Charles VI en 1422, Charles se proclame tout de même roi sous le nom de Charles VII.
Il s’allie à de nombreux seigneurs pour reconquérir le royaume de France. Il est aidé dans cette tâche par Jeanne d’Arc, une jeune paysanne lorraine qui déclare avoir reçu pour mission divine de chasser les Anglais de France. Elle donne ainsi une légitimité religieuse à Charles VII. Il libère Orléans, assiégée par les Anglais, et se rend à Reims, où il est sacré roi de France en 1429. Il devient ainsi le roi légitime aux yeux des Français.
Jeanne d'Arc rencontre le dauphin Charles à Chinon, miniature extraite des Vigiles du roi Charles VII de Martial d'Auvergne, fin du XVe siècle, Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits
En 1445, Charles VII crée la première armée royale permanente et salariée. Grâce à cette armée, il reconquiert peu à peu son royaume.
Il chasse progressivement les Anglais du royaume jusqu’à sa victoire finale à Castillon en 1453. Il met ainsi fin à la Guerre de Cent ans.
Louis XI et la « grande monarchie de France »
Louis XI et la « grande monarchie de France »
Le successeur de Charles VII s’appelle Louis XI. Il régna de 1461 à 1483. C’est ce dernier qui triomphe définitivement des seigneurs qui menacent l’autorité du Roi de France.
Louis XI. Peinture anonyme du XVIIe siècle, Château de Plessis-lès-Tours
Ce faisant, il assoit durablement le pouvoir royal. Ses victoires lui permettent d’agrandir le domaine royal qui devient le plus vaste territoire du royaume.
Ce royaume s’enrichit avec des impôts qui sont levés de manière permanente. Ces impôts concernent le revenu (la taille), le commerce (les aides) et même le sel (la gabelle).
Le royaume devient un véritable État, soumis à l’autorité d’un roi, entouré de conseillers. Dans les provinces, ce sont des représentants qui administrent les affaires publiques.
Conclusion :
Du XIe au XVe siècle, les rois Capétiens et Valois ont progressivement consolidé leur pouvoir en transformant leur royaume en un État moderne, celui d’une monarchie. Ils ont agrandi le domaine royal et ils ont réalisé l’unité territoriale du royaume de France en renforçant l’administration. L’organisation politique actuelle de la France est, par certains égards, héritière de cette création capétienne.