La place des populations de l’Europe dans le peuplement de la Terre
Introduction :
Ce cours va s’interroger sur la place que les Européens occupent dans le peuplement du monde, et ce à partir de notions-clés, comme les « foyers de peuplement », qui se définissent comme des zones géographiques dans lesquelles la densité de population est élevée. Dans cette perspective, l’Europe se définit comme un foyer de peuplement « permanent », c’est-à-dire qu’elle a toujours possédé un grand nombre d’habitants.
Afin d’étudier les caractéristiques des mouvements de populations européennes depuis l’Antiquité, nous étudierons tout d’abord les évolutions générales des populations mondiales, puis nous tenterons d’expliquer les raisons de ces mouvements. Nous terminerons par la présentation de plusieurs grandes migrations européennes et les questions qu’elles soulèvent.
Évolution générale des populations européennes depuis l’Antiquité
Évolution générale des populations européennes depuis l’Antiquité
Trois foyers de peuplement permanents
Trois foyers de peuplement permanents
Il existe trois principaux foyers de peuplement permanents depuis l’Antiquité :
- le foyer de peuplement chinois ;
- le foyer de peuplement indien ;
- le foyer de peuplement de l’Europe occidentale.
Les foyers de peuplement permanents depuis l’Antiquité
Il existe donc sur Terre une inégalité de la répartition de la population, et ce depuis l’Antiquité.
- Comment expliquer que depuis plus de deux millénaires, les populations se soient concentrées particulièrement autour de ces trois régions du globe ?
L’histoire des civilisations qui se sont développées autour de ces trois foyers explique en partie cette permanence de peuplement.
À travers la mise en place de techniques agricoles et le développement de systèmes politiques élaborés, les populations s’y sont peu à peu fixées.
Dans le cas de l’Europe occidentale, les facteurs climatiques sont également importants. Non seulement l’Europe possède un climat majoritairement tempéré, favorable aux installations humaines, mais ses nombreux littoraux et fleuves lui ont permis, très tôt, de développer de bonnes relations sociales et commerciales.
Histoire de la démographie européenne
Histoire de la démographie européenne
Les tendances démographiques de la population mondiale en général, et de la population européenne en particulier, permettent également de mieux comprendre les enjeux que représente l’histoire de la population européenne.
Démographie :
Étude statistique des populations humaines et de leurs dynamiques.
- La croissance démographique mondiale a été faible de l’Antiquité jusqu’au XVIe siècle. Cela signifie que les taux de natalité et de mortalité sont forts.
- La population européenne passe de 33 millions au Ve siècle avant J.-C. à 90 millions en 1300.
- Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que cette population augmente rapidement : elle passe de 120 millions en 1700 à près de 500 millions en 1900.
- En l’espace de deux siècles environ, la population européenne a donc quadruplé.
Dans cette présentation de la démographique européenne, il faut également souligner une « anomalie » : au XIVe siècle, la population européenne diminue fortement : elle perd presque 20 millions d’habitants.
La peste noire
La peste noire
Entre 1348 et 1352, une épidémie de peste noire a eu lieu en Europe, qui a ravagé les populations. Les historiens ne sont pas en mesure de donner des chiffres très précis sur le nombre de décès provoqués par cette peste mais ils estiment cependant que 30 à 50 % de la population européenne disparaît, c’est-à-dire quasiment une personne sur 2.
- Ce taux impressionnant de mortalité s’explique non seulement par l’absence de règles d’hygiène mais également par l’état de la médecine à l’époque, qui pensait alors que la maladie se propageait par l’air.
Facteurs explicatifs
Facteurs explicatifs
Transition démographique
Transition démographique
D’une manière générale, la faible augmentation de la population depuis l’Antiquité s’explique par un fort taux de mortalité. Celui-ci est la conséquence directe d’épidémies diverses, de mauvaises récoltes provoquant des disettes, mais aussi des guerres.
Pour expliquer le phénomène d’augmentation rapide de la population à partir du XVIIIe siècle, il faut aborder la transition démographique.
Transition démographique :
Passage d’un régime démographique à fort taux de natalité et de mortalité à un autre régime démographique dans lequel les taux de natalité et de mortalité sont faibles.
Cette transition se réalise en plusieurs phases.
- Une première phase durant laquelle la mortalité baisse mais la natalité reste élevée. L’accroissement naturel est donc élevé.
- Une deuxième phase durant laquelle la mortalité est faible et la natalité décroît elle aussi.
Évolution de l’espérance de vie jusqu’au XXe siècle
L’espérance de vie des hommes et des femmes de l’Ancien Régime (avant la Révolution française), était très faible : de 25 à 30 ans en moyenne.
À partir du XVIIIe siècle, les conditions d’hygiène se modifient et par là même, l’espérance de vie.
L’augmentation de la population mondiale et européenne entre le XVIIIe et le XIXe siècle s’explique donc par la première phase de cette transition démographique, avec une chute brutale de la mortalité et le maintien d’une natalité élevée.
Ce n’est qu’au début du XXe siècle que débute la seconde phase de la transition démographique en Europe, avec une baisse de la natalité.
La France est une exception au sein de l’Europe : la baisse de la natalité y a été plus précoce que dans les autres pays.
Le cas de la médecine
Le cas de la médecine
Les progrès médicaux n’expliquent pas à eux seuls le phénomène de transition démographique à partir du XVIIIe siècle.
La population européenne a augmenté rapidement, et bien avant que la médecine progresse, notamment en termes d’hygiène. Les historiens débattent encore pour expliquer la chute de la mortalité au siècle des Lumières.
L’essor économique que connaît l’Europe au XVIIIe siècle a sans aucun doute influencé la chute de la mortalité. En termes agricoles, les populations sont en effet mieux nourries, et donc plus résistantes aux épidémies et autres maladies.
Quelques exemples de migrations
Quelques exemples de migrations
La traite des Noirs
La traite des Noirs
Depuis la préhistoire, les Hommes sont sans cesse partis à la recherche de nouvelles terres fertiles. Ce phénomène s’est bien évidemment accentué avec la découverte du Nouveau Monde au XVe siècle.
Les migrations furent à la fois volontaires (dans le cas de migrants européens désireux de tenter une nouvelle vie en Amérique) mais il s’agit aussi de migrations forcées.
Dès le début du XVIe siècle débute en effet la « traite des Noirs », c’est-à-dire un marché d’esclaves entre l’Afrique, l’Europe, et le continent américain, qui avait perdu une grande partie de ses habitants lors de l’arrivée des Européens.
- Ce sont 11 millions d’Africains qui seront transportés dans des conditions outrageuses en Amérique entre le XVIe et le XIXe siècle.
Schéma de la traite des Noirs, dit aussi « commerce triangulaire »
Migrations volontaires
Migrations volontaires
Finalement, au XIXe siècle, les migrations volontaires vers l’Amérique s’accélèrent. Plus de 60 millions d’Européens partiront peupler le continent américain. L’Europe, qui était jusqu’alors un foyer de population permanent, devient un foyer d’émigration, c’est-à-dire un lieu de départ vers d’autres continents. Parmi les pays privilégiés, se trouvent les États-Unis, puis le Canada et l’Argentine.
Le XIXe siècle est également le moment de la formation des empires coloniaux. Beaucoup d’Européens partent alors peupler les colonies. C’est notamment le cas de nombreux Français en Afrique du Nord.
Conclusion :
L’Europe a été un foyer de peuplement majeur depuis l’Antiquité, et ce pour des raisons climatiques et historiques.
Elle a connu une faible croissance démographique jusqu’au XVIIIe siècle, puis une phase d’accélération démographique. Les causes de cette accélération sont à chercher dans les transformations économiques et sociales, qui débouchent sur la révolution industrielle au XIXe siècle.
À partir de ce siècle, l’Europe devient un foyer d’émigration : les Européens contribuent alors à peupler le monde par des émigrations massives.