Les conflits religieux du XVIe siècle
Introduction :
Au XVIe siècle en Europe, l’unité de la chrétienté est remise en cause. Dans ce cours, nous allons étudier les bouleversements religieux qui caractérisent l’Europe des humanistes. Dans une première partie, nous étudierons la Réforme protestante qui divise les chrétiens au XVIe siècle. Et, dans une seconde partie, nous nous intéresserons à la Réforme que mène l’Église catholique, en réaction à la Réforme protestante.
Luther et la Réforme protestante
Luther et la Réforme protestante
Les abus de l’Église catholique
Les abus de l’Église catholique
Au début du XVIe siècle, l’Église catholique est fortement critiquée.
De nombreux chrétiens estiment que les curés sont des ignorants et soupçonnent les évêques de ne rechercher que l’enrichissement. Martin Luther, un moine allemand professeur de théologie, est particulièrement virulent et dénonce les nombreux abus de l’Église catholique.
Portrait de Martin Luther, peint par Lucas Cranach l’Ancien,Galerie des Offices, Florence, 1529
En 1517, Luther s’oppose au commerce des indulgences organisé par le pape Léon X.
Indulgences :
Les indulgences correspondent au pardon des péchés par l’Église. Elles permettraient au fidèle de gagner son salut.
En effet, afin de construire la basilique Saint-Pierre de Rome, le pape a décidé de vendre des indulgences. Il récolte ainsi rapidement beaucoup d’argent.
Selon Luther, très préoccupé par le salut, cette pratique est contraire aux Évangiles.
Il condamne donc violemment ce commerce dans ses écrits qu’il affiche en public : les 95 thèses. Par ailleurs, Luther affirme que seule la foi assure le salut éternel.
Il s’oppose ainsi au catholicisme qui défend que les bonnes œuvres (les dons et les pèlerinages, par exemple) peuvent aussi permettre au fidèle de gagner le Paradis après la mort.
La création d’une nouvelle Église chrétienne : l’Église luthérienne
La création d’une nouvelle Église chrétienne : l’Église luthérienne
En 1520, Luther souhaite revenir à l’Église telle qu’elle était au début de la chrétienté. Il fonde alors une nouvelle Église chrétienne : l’Église luthérienne.
Des sept sacrements, il ne conserve que le baptême et la communion. Il condamne le culte des saints et de la Vierge et remplace les évêques et les curés par des pasteurs (qui ne sont pas voués au célibat et peuvent donc se marier).
Luther souhaite que chacun puisse avoir un accès direct aux Saintes Écritures. Pour cela, il traduit la Bible en allemand, ce qui permet à un plus grand nombre de personnes de la lire et de la commenter sans l’intermédiaire d’un prêtre.
En 1521, Luther est excommunié par le pape.
Être excommunié :
Être excommunié, c’est être expulsé de la communauté catholique.
Mais ses théories se propagent dans tout le Saint-Empire puis dans le reste de l’Europe. En 1529, l’empereur catholique Charles Quint oblige les princes allemands qui ont adopté les idées de Luther à abandonner cette nouvelle religion.
Les princes refusent et « protestent devant Dieu ». C’est désormais pour cette raison qu’on appellera ces nouveaux chrétiens des « protestants ».
La création d’autres Églises protestantes
La création d’autres Églises protestantes
D’autres Églises protestantes sont créées par des chrétiens qui suivent les pas de Luther. Ainsi, le Français Jean Calvin s’installe à Genève en 1541, où il fonde l’Église calviniste (dite aussi Église réformée). Cette Église est beaucoup plus stricte et austère que l’Église luthérienne.
En Angleterre, le roi Henri VIII rompt avec le pape et se proclame chef d’une nouvelle Église protestante, l’Église anglicane.
Fortement menacée par la Réforme protestante, l’Église catholique réagit en se réformant : c’est la Réforme catholique.
Réaction du catholicisme
Réaction du catholicisme
Le Concile de Trente
Le Concile de Trente
L’Église catholique cherche à contrer la montée du protestantisme.
Le pape Paul III, après avoir rétabli l’Inquisition (tribunal chargé de lutter contre les protestants) en 1542, convoque un concile à Trente, en Italie.
Concile :
Un concile est une assemblée d’évêques et de responsables du clergé régulier rassemblés par le pape pour discuter des questions religieuses.
Le Concile de Trente se réunit régulièrement entre 1545 et 1563 pour combattre les idées de Luther. Il réaffirme les principes du catholicisme.
Le Concile de Trente. Peinture à l’huile de l’école vénitienne, XVIe siècle, musée du Louvre, Paris
Ainsi, les sept sacrements sont confirmés, le salut éternel peut être atteint par la foi et les bonnes œuvres (les dons, les pèlerinages), on peut prier la Vierge et les saints car ils interviennent auprès de Dieu pour les humains et le pape est le chef suprême de l’Église catholique. De plus, le concile de Trente crée l’Index.
Index :
Il s’agit d’une liste de livres condamnés par l’Église catholique.
Enfin, le concile appuie la création de l’ordre des Jésuites.
L’ordre des Jésuites :
Créé par l’Espagnol Ignace de Loyola, cet ordre se met au service de la papauté.
Il multiplie les missions d’évangélisation dans les pays lointains.
Missions d’évangélisation :
Ces missions consistent à convertir les peuples des colonies au christianisme.
Cet ensemble de mesures constitue la Réforme catholique.
Les guerres de religion
Les guerres de religion
Au XVIe siècle, des guerres de religion éclatent en Europe.
La division de la chrétienté engendre de nombreux conflits entre les défenseurs de l’Église catholique et les protestants. C’est notamment le cas en France, dans le Saint-Empire, en France et dans les Pays-Bas espagnols.
Dans le Saint-Empire, l’empereur Charles Quint signe la paix d’Augsbourg en 1555. Elle permet aux princes allemands de choisir leur religion et de l’imposer à leurs sujets.
En France, c’est Henri IV qui met fin aux guerres de religion en 1598 en accordant la liberté de culte aux protestants par l’édit de Nantes.
L’édit de Nantes, signé le 30 avril 1598. Jan Luyken, The Proclamation of the Edict of Nantes, fin du XVIIe siècle, Metropolitan Museum of Art, New York
Quant aux Pays-Bas espagnols, ils se retrouvent divisés par les guerres de religion. Les provinces protestantes du Nord se séparent des provinces catholiques du Sud, et donnent naissance à un nouvel État en 1579 : les Provinces-Unies.
Conclusion :
Au XVIe siècle, la chrétienté se divise. Le clergé, accusé d’être ignorant et sans moralité, provoque l’indignation de nombreux chrétiens. L’un d’entre eux, Luther, un moine allemand, dénonce les abus de l’Église catholique. Il décide de fonder en 1520 une nouvelle Église, l’Église luthérienne. D’autres réformateurs suivent ses pas. Plusieurs Églises protestantes voient le jour.
Cette Réforme ébranle fortement le catholicisme et la papauté. L’Église catholique tarde cependant à réagir. Le Concile de Trente, qui réaffirme les principes de l’Église catholique, constitue le principal moteur de la Réforme catholique.