Un monde de migrants
Introduction :
Au Moyen Âge il fallait une quinzaine de jours pour relier Toulouse à Paris. Au XIXe siècle, il fallait trois semaines pour relier Londres à New York. Avec la révolution des transports au XXe siècle, le bout du monde n’est plus qu’à quelques heures d’avion.
L’être humain n’a jamais été aussi mobile et les mouvements de population sont désormais d’une ampleur considérable. Mais attention, parmi ces flux, il est important de distinguer les flux touristiques (qui concernent des activités de loisir), des flux migratoires (qui impliquent des personnes parties s’installer dans un pays qui leur est étranger).
Dans ce cours, nous nous intéresseront moins aux touristes qu’aux migrants. Qui sont ces migrants ? Pour quelles raisons migrent-ils ? Dans quelle direction ?
Afin de répondre à ces questions, nous analyserons dans une première partie les flux de migrations à partir de l’observation de cartes. Dans une seconde partie, nous détaillerons les causes de ces migrations. Enfin, nous terminerons ce cours par une présentation des défis que soulèvent les migrations internationales.
Les flux de migrations au XXIe siècle
Les flux de migrations au XXIe siècle
Lorsqu’on parle de migrations, on pense généralement à des migrations d’est en ouest et du sud vers le nord. Cette idée est en partie vraie. Mais nous verrons que la réalité est un peu plus complexe et diverse.
Les migrants en direction de l’Europe
Les migrants en direction de l’Europe
Avec la crise des migrants en Europe, on assimile immédiatement le terme de migrants au sort des milliers de personnes en provenance des pays du Moyen-Orient, qui tentent désespérément, et souvent au péril de leur vie, de rejoindre l’Europe.
Migrants syriens et irakiens arrivant en Grèce © Ggia
C’est une réalité qui prend de l’ampleur depuis quelques temps. À la suite du printemps arabe, les conflits politiques se sont multipliés au Moyen-Orient, et des milliers de personnes ont dû fuir leur pays.
- On parle dans ce cas de figure de réfugiés.
Cependant, ce flux migratoire n’est pas le seul et cette réalité ne doit pas en éclipser d’autres.
Les migrations Sud-Nord
Les migrations Sud-Nord
La moitié des migrations internationales s’inscrivent dans un flux Sud-Nord, autrement dit, un flux des pays pauvres ou en voie de développement, vers les pays riches.
Mais tous les pays du Nord n’accueillent pas des migrants, bien au contraire. Parmi les pays riches, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis constituent les principales terres d’accueil.
Les pays européens constituent également des zones d’immigration importantes, même si les politiques liées aux migrations sont complexes. Certains pays asiatiques, que l’on nomme les « dragons », attirent également de plus en plus de population. Il s’agit de la Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taïwan.
Les flux migratoires et touristiques dans le monde
Les flux Sud-Sud
Les flux Sud-Sud
Toutefois, il ne s’agit pas d’imaginer un monde divisé en deux parties : les pauvres au Sud émigrant vers les pays riches au Nord.
En réalité, la moitié des flux migratoires se réalisent entre pays du Sud.
- On parle alors de migrations Sud-Sud.
Autrement dit, les populations des pays pauvres ou en voie de développement se tournent d’abord vers leurs voisins immédiats pour chercher de nouvelles opportunités. Les migrants se déplacent donc tout d’abord vers les pays frontaliers.
Cela est frappant dans le cas de la Syrie par exemple : c’est le Liban, voisin de la Syrie, qui reçoit actuellement le plus de réfugiés syriens.
Mais cette tendance est valable sur tous les continents. Les populations des pays pauvres d’Amérique latine comme la Bolivie émigrent vers l’Argentine ou le Chili. De même pour certaines populations d’Afrique centrale, qui partent s’installer en Afrique du Sud.
Ces migrations Sud-Sud sont plutôt régionales car la proximité géographique, les liens culturels et la connaissance de la langue entrent aussi bien souvent en compte dans le choix du pays de résidence.
Qui sont les migrants ?
Qui sont les migrants ?
Régions de départ, régions d’arrivée
Régions de départ, régions d’arrivée
Les principales régions de départ se trouvent en Amérique centrale. Il s’agit principalement des Mexicains et des populations d’Amérique centrale, qui partent chercher du travail aux États-Unis.
Viennent ensuite les populations d’Asie du Sud et de l’Est, qui migrent vers l’Europe, vers les États-Unis, mais aussi vers l’Australie.
Pour les régions d’Afrique du Nord, les migrations s’effectuent soit vers l’Afrique de l’Ouest soit vers l’Europe.
En ce qui concerne l’ancien bloc soviétique, les migrations sont régionales : les migrants se déplacent à l’intérieur même de l’ancien bloc.
Profils économiques des migrants
Profils économiques des migrants
On a tendance à croire que les migrants sont les plus pauvres des habitants de la planète, et qu’ils cherchent des opportunités chez leurs voisins. Mais cette affirmation est fausse : plus on est pauvre, moins on a d’argent pour pouvoir migrer.
Les migrants sont donc en général des populations au profil économique intermédiaire.
Autrement dit, le migrant n’est pas forcément un homme pauvre, ou analphabète ; c’est souvent quelqu’un qui a fait des études et qui appartient à une classe sociale moyenne.
Motivations des migrations
Motivations des migrations
Les motivations qui poussent une personne, une famille ou une partie de la population d’un pays à migrer sont nombreuses.
Elles sont tout d’abord dues à des raisons économiques : on migre pour fuir le chômage et la misère de son pays.
Les migrations sont également dues à des conflits géopolitiques. La situation dramatique au Moyen-Orient rappelle chaque jour cette triste réalité. On migre donc souvent parce qu’on y est obligé.
Les personnes forcées à quitter leur territoire parce qu’il se trouve en zone de guerre et qui doivent se réfugier dans les territoires voisins, de manière temporaire ou définitive, sont appelés les déplacés.
L’ONU estime qu’il existe dans le monde 15 millions de réfugiés.
- Les migrations sont donc en grande partie liées aux grands déséquilibres du monde.
Mais d’autres raisons motivent les migrations. Notons par exemple le cas très particulier de la fuite des cerveaux ou brain drain en Europe et tout particulièrement en France.
Brain drain :
Il s’agit dans ce cas de chercheurs et de personnels très qualifiés qui préfèrent partir à l’étranger afin d’avoir d’autres perspectives de travail.
Les défis soulevés par les migrations
Les défis soulevés par les migrations
Défis économiques
Défis économiques
Les migrations représentent un sujet complexe, pour le pays de départ comme pour le pays d’arrivée. En effet, les migrants qui parviennent à trouver un emploi dans leur pays d’accueil continuent à envoyer de l’argent à leur famille restée dans le pays d’origine. Ces envois d’argents sont parfois essentiels pour l’économie du pays : on les appelle les « remises ». Mais le départ des populations diplômées pose également problème pour ces pays, qui se retrouvent parfois sans personnel qualifié, limitant ainsi leur développement.
Défis d’intégration
Défis d’intégration
Pour les pays d’accueil, les immigrants participent à la vie économique. Ils permettent de pallier le manque de main-d’œuvre et le vieillissement de la population.
Certains pays comme le Qatar dépendent même complètement des immigrants, qui composent 85 % de la population totale.
Mais de manière générale, l’intégration des populations immigrées se fait avec beaucoup de difficultés.
Les pays d’accueil se méfient souvent de la culture des nouveaux arrivants, et de nombreux épisodes de racisme et de xénophobie sont à déplorer.
Xénophobie :
La xénophobie est la peur de l’étranger.
Les immigrants travaillent souvent dans l’illégalité ou bien accèdent à des emplois précaires.
Le cas de l’Europe
Le cas de l’Europe
Migrants syriens à la gare de Vienne en 2015 © Bwag
En Europe, la situation des migrants est extrêmement complexe. En effet, l’Europe est une entité économique, mais également un ensemble politique. Pourtant les pays de l’Union européenne ont beaucoup de mal à adopter une position commune envers les migrants.
Face à l’afflux de réfugiés syriens et irakiens, l’Europe a d’ailleurs décidé de refermer ses frontières, condamnant alors les réfugiés de guerre à la clandestinité. Mais l’Europe, qui possède un taux de natalité faible, a également besoin des populations venues du Sud pour remédier à son déclin démographique.
Conclusion :
Les migrations internationales sont un phénomène qu’il faut connaître et maîtriser afin de comprendre les enjeux du monde actuel. Définir les migrations est quelque chose de compliqué, car il existe de multiples raisons de migrer et de multiples façons de le faire.
Il existe en effet des migrations du Sud vers le Nord, essentiellement liées à des raisons économiques et géopolitiques. Il existe également des migrations du Sud vers le Sud, dont les motivations sont également liées à des perspectives économiques.
Cependant tous ces mouvements de population ne représentent rien au vu du principal facteur de mobilité : le tourisme, qui représente chaque année plus d’un milliard de migrations éphémères.