Création du monde par les différentes religions polythéistes
Introduction :
Au fil des siècles, les différentes religions qui ont existé ont tenté d’apporter une explication à la création du monde. Il existe deux grandes familles de religions, les religions polythéistes et les religions monothéistes. Nous étudierons dans ce cours des mythes de la création du monde dans certaines religions polythéistes comme l’épopée de Gilgamesh et le mythe de Prométhée.
Polythéisme :
Le polythéisme est le fait de considérer qu’il existe plusieurs dieux.
L’épopée de Gilgamesh
L’épopée de Gilgamesh
Gilgamesh est un roi mésopotamien qui aurait vécu vers 2650 avant J.-C.
Mésopotamie :
La Mésopotamie est une ancienne région du Moyen-Orient, elle correspond à peu près à l’Irak actuel.
Les aventures légendaires de Gilgamesh nous ont été transmises par une série de tablettes en argile. Il s’agit de la première œuvre littéraire que nous connaissons, écrite en cunéiforme.
Cunéiforme :
L’écriture cunéiforme est un système d’écriture de la Mésopotamie datant du IVe millénaire avant J.-C.
Onzième tablette d’argile de l’épopée de Gilgamesh, British Museum ©Mike Peel
Gilgamesh est devenu le héros de longs poèmes épiques rédigés à sa gloire.
Gilgamesh est un héros divin puisqu’il descend de la déesse Aruru-la-sublime qui est à l’origine de l’humanité. Il possède une grande force, mais c’est aussi un humain avec ses faiblesses car il est orgueilleux et violent. Il est le roi de la cité d’Uruk et se comporte en véritable tyran et terrorise son peuple.
Tyran :
Un tyran est une personne qui a un pouvoir absolu et qui impose ses décisions par la terreur.
Les habitants de la cité d’Uruk prient alors les dieux d’intervenir. Dans cet extrait de Le premier Roi du monde. L’épopée de Gilgamesh, de Jacques Cassabois, le narrateur explique comment les dieux ont créé le monde.
« Les dieux sont en effet les créateurs du monde : ils ont tiré de la Mer la première motte d’argile, dont ils ont façonné le monde. Ils ont mêlé leur sang à la boue et touillé ce mélange pour donner naissance à l’humanité. Ils ont doté1 les hommes d’un esprit, pour les protéger de l’oubli. Puis ils leur ont remis la houe2, le couffin3, le moule à briques, pour qu’ils fassent pousser les plantes et construisent le pays. »
1 Le verbe doter signifie ici donner.
2 La houe est un outil servant à remuer la terre.
3 Un couffin est un panier.
Les dieux sont donc à l’origine du monde et des hommes. On peut noter la répétition de « ils ont » qui indique que les dieux ont tout créé. La création du monde s’est faite en trois étapes. Les dieux ont d’abord donné sa forme à l’homme à partir de « leur sang » et de « la boue », puis il lui ont donné un « esprit » et enfin les outils et la connaissance pour qu’il puisse se nourrir et se développer.
Les hommes sont donc le résultat de la magie des dieux qui ont mélangé leur sang à la boue de l’argile pour les créer. On trouve aussi l’idée que les hommes sont une œuvre d’art. Il ont été sculptés dans l’argile comme on sculpte une statue.
On trouve également dans l’Antiquité le récit de la création de l’homme. Platon en fait le récit dans Protagoras au IVe siècle avant J.-C. Il s’agit du mythe de Prométhée.
Le mythe de Prométhée
Le mythe de Prométhée
Dans l’extrait du Protagoras que nous allons étudier, deux philosophes discutent de l’être humain. L’un raconte à l’autre l’histoire du mythe de Prométhée et d’Épiméthée, deux titans chargés par le dieu Zeus d’attribuer aux différentes espèces leurs caractéristiques.
Titan :
Un titan est un des premiers dieux dans la mythologie grecque.
Jean-Simon Berthélemy et Jean-Baptiste Mauzaisse, L’Homme formé par Prométhée et animé par Minerve, 1802 puis 1826, musée du Louvres ©Marie-Lan Nguyen
Épiméthée demande à Prométhée de le laisser faire seul le partage et lui propose de venir examiner son travail une fois fini.
« Sa demande accordée, il fit le partage, et, en le faisant, il attribua aux uns la force sans la vitesse, aux autres la vitesse sans la force ; il donna des armes à ceux-ci, les refusa à ceux-là, mais il imagina pour eux d’autres moyens de conservation ; […] et il appliqua ce procédé de compensation1 à tous les animaux. […] Cependant Épiméthée, qui n’était pas très réfléchi, avait sans y prendre garde dépensé pour les animaux toutes les facultés2 dont il disposait et il lui restait la race humaine à pourvoir, et il ne savait que faire. […] Alors Prométhée, ne sachant qu’imaginer pour donner à l’homme le moyen de se conserver, vole à Héphaïstos et à Athéna la connaissance des arts avec le feu ; car sans le feu, la connaissance des arts était impossible et inutile ; et il en fait présent à l’homme. L’homme eut ainsi la science propre à conserver sa propre vie. »
1 Une compensation est un avantage qui contrebalance un inconvénient.
2 Une faculté est la possibilité de faire quelque chose.
Les pronoms « aux uns » et « aux autres » ainsi que « ceux-ci » et « ceux-là » montrent le partage équitable effectué par Épiméthée pour chaque espèce. On peut donc constater qu’Épiméthée souhaite accomplir sa mission au mieux et tente de tout équilibrer entre les espèces.
Pourtant, le philosophe raconte que malgré tous ses efforts, il n’est « pas très réfléchi » car il commet l’erreur de dépenser sans compter toutes les qualités dont il disposait. Prométhée décide alors de réparer l’erreur d’Épiméthée en volant la « connaissance » aux dieux Héphaïstos et Athéna et en la donnant aux hommes.
La connaissance est ainsi la caractéristique propre à l’homme. Il s’agit de la qualité qui lui permet de survivre et d’évoluer.
Dans la mythologie grecque, l’homme n’avait donc pas de place particulière dans l’histoire de la création du monde. C’est l’erreur d’Épiméthée puis le vol de Prométhée qui font de lui ce qu’il est.
Grâce à son intelligence, l’homme dépasse sa nature fragile et vulnérable et parvient même à dominer les autres espèces.
Vulnérable :
L’adjectif vulnérable désigne quelqu’un de fragile, qui peut être une proie facile.
Conclusion :
Les mythes de création permettent de répondre aux grandes questions que se posent les hommes. Ils donnent une certaine vision du monde et font réfléchir sur la place de l’homme dans l’univers. Ils sont un héritage culturel précieux qui se transmet et inspire les hommes.