L'aventure comme obligation : le roman de piraterie

Introduction :

C’est à partir du XVIIIe siècle que les romanciers s’inspirent du pirate pour en faire un héros de roman d’aventure. À mi-chemin entre réalité et fiction, les pirates sont taillés pour l’aventure. Des personnes réelles tels que Surcouf (un corsaire français) ou encore Barbe-Noire (un pirate anglais) ont inspiré la littérature et le cinéma. Ce sont des personnages qui vivent une vie dangereuse, ils suscitent la peur mais aussi la fascination du lecteur. Dans ce cours, nous étudierons le portrait d’un des pirates les plus célèbres de la littérature, Long John Silver. Nous étudierons ensuite un exemple d’aventure dans un roman de piraterie.

Le pirate : un personnage fascinant

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Attention

Un pirate est un capitaine ou un marin qui attaque et pille les navires de commerce.
Un corsaire est un capitaine ou un marin qui capture et pille les bateaux de commerce ennemis, avec l’autorisation de son gouvernement.

Dans L’Île au trésor, roman de Robert Louis Stevenson publié en 1883, le jeune Jim Hawkins se lance dans une chasse au trésor pleine de surprises et d’aventures. Après avoir trouvé une carte au trésor, Jim fait la connaissance de Long John Silver, un célèbre pirate dont voici la description :

« Durant mon hésitation, un homme surgit d’une pièce intérieure, et un coup d’œil suffit à me persuader que c’était Long John. Il avait la jambe gauche coupée au niveau de la hanche, et il portait sous l’aisselle gauche une béquille, dont il usait avec une merveilleuse prestesse1, en sautillant dessus comme un oiseau. Il était très grand et robuste2, avec une figure aussi grosse qu’un jambon — une vilaine figure blême3, mais spirituelle et souriante. Il semblait même fort en gaieté, sifflait tout en circulant parmi les tables et distribuait des plaisanteries ou des tapes sur l’épaule à ses clients favoris. »

1 La prestesse est le fait de pouvoir bouger avec rapidité et avec adresse.
2 Quelque chose ou quelqu’un de robuste est solide.
3 L’adjectif blême qualifie quelqu’un de pâle, qui n’a pas de couleur, qui est livide.

Jim, Long John Silver et son perroquet, Newell Convers Wyeth, illustration pour l’édition de 1911 de L’Ile au trésor. Jim, Long John Silver et son perroquet, Newell Convers Wyeth, illustration pour l’édition de 1911 de L’Île au trésor.

Le narrateur livre une description physique du pirate car on peut observer le champ lexical du corps avec les termes « jambe », « hanche », « aisselle » et « figure ». Son allure est également décrite, il est « très grand et robuste » et il porte une « béquille ».

On peut aussi relever les adjectifs qualificatifs « merveilleuse », « vilaine », « blême », « spirituelle », et « souriante », qui permettent de faire une description plus complète.

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À retenir

Un adjectif qualificatif apporte une précision sur le nom qu’il complète. Il s’accorde avec le nom auquel il se rapporte.

On peut aussi remarquer que les adjectifs mélioratifs et péjoratifs sont mélangés.

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Définition

Mélioratif :

Un terme mélioratif est un terme positif, qui présente quelqu’un ou quelque chose sous un jour favorable.

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Définition

Péjoratif :

L’adjectif péjoratif est le contraire de mélioratif. Il s’agit de présenter une chose ou une personne sous un aspect négatif.

Les adjectifs « merveilleuse », « spirituelle » et « souriante » sont des adjectifs mélioratifs, mais « vilaine » et « blême » sont des adjectifs péjoratifs.

  • Cela permet d’offrir un portrait contrasté du pirate, il n’est pas uniquement effrayant ou laid, il apparaît aussi comme un personnage sympathique.

Les comparaisons « comme un oiseau » et « aussi grosse qu’un jambon » permettent également au lecteur de mieux se représenter le personnage de Long John Silver.

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À retenir

Une comparaison est une image qui consiste à associer deux termes avec un point commun (même bruit, même façon de bouger, etc.) pour les comparer grâce à un outil de comparaison tel que « comme », « pareil à », « semblable à » etc.

Le narrateur donne aussi un aperçu de la personnalité du pirate à travers ses manières. Il fait preuve de « gaité », il fait des « plaisanteries » et donne « des tapes sur l’épaule à ses clients favoris ».

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À retenir

Le portrait de Long John Silver ne correspond pas au cliché du pirate terrifiant. S’il en possède certes quelques aspects traditionnels comme la jambe coupée, il est aussi sympathique et pique la curiosité du lecteur.

Le lecteur est fasciné par le personnage du pirate parce qu’il est étrange mais aussi parce qu’il mène une vie pleine d’aventures et de danger.

L’aventure dans le roman de piraterie

Les Clients du Bon Chien Jaune est un roman d’aventures et de piraterie de Pierre Mac Orlan paru en 1926. Il s’inspire de L’Île au trésor de Stevenson. Le héros, Louis-Marie Benic, est un orphelin de quatorze ans qui s’embarque en cachette sur un navire de pirates. Dans l’extrait suivant, l’équipage du navire le « Hollandais-Volant » s’est déguisé afin de faire croire à un vaisseau fantôme. Ils prennent ainsi en chasse un navire marchand dans le but de lui voler ses marchandises.

« Ainsi déguisés ils ressemblaient à des squelettes harnachés1 en guerre, car ils avaient passé leurs baudriers2 et leurs ceinturons et tenaient au poing leur mousquet3. Leur aspect était véritablement étrange et effrayant. […] Nous gagnâmes de vitesse l’infortuné marchand. […] Avant que les mariniers4 blêmes de frayeur eussent esquissé un simulacre5 de défense, nous bondîmes à l’abordage, comme des diables, ou plutôt comme des morts à l’assaut des vivants. […] L’équipage fut jeté à la mer et je restai secoué d’horreur devant ce forfait6 perpétré de sang-froid. »

1 Harnacher signifie passer le harnais au cheval. Ce mot peut signifier aussi s’habiller.
2 Un baudrier est une bande de cuir portée en écharpe et destinée à porter une arme.
3 Un mousquet est un fusil.
4 Les mariniers sont des marins.
5 Un simulacre est le fait de faire semblant.
6 Un forfait est un crime.

Charles Temple Dix, Le Hollandais volant, 1860 Charles Temple Dix, Le Hollandais volant, 1860

Cet extrait est un épisode de piraterie. Les pirates rusent afin de piéger un navire marchand. Ils veulent les effrayer pour pouvoir s’emparer de leurs biens plus facilement. Les pirates sont présentés comme des criminels cruels. Ils sont armés, ils portent des « baudriers » et leur « mousquet » « au poing », ils font également preuve de violence en jetant l’équipage du navire marchand à la mer. Le narrateur les compare à des « diables » et à des « morts à l’assaut des vivants ». Ces deux comparaisons sont effrayantes et laissent entendre le jugement du narrateur envers ses complices. Il est « secoué d’horreur » à la vue de cette scène qu’il qualifie de « forfait perpétré de sang-froid ».

  • L’expression « sang-froid » révèle la cruauté des pirates qui n’éprouvent aucune émotion ni aucun remord à tuer un homme.

La réaction des marins est celle à laquelle on s’attend. Ils sont terrorisés, « blêmes de frayeur » et ne se défendent même pas. Le lecteur ressent lui aussi de la peur à la lecture de cette scène. En s’identifiant au héros, le lecteur craint pour sa vie s’il reste parmi les pirates.

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À retenir

L’identification au héros est le fait que le lecteur se mette à la place du héros.

Le héros prend part à ces actes criminels mais on voit via tous les termes utilisés qu’il les condamne. Il juge ses complices. Cette aventure parmi les pirates est effrayante et ne fait pas rêver le lecteur.

Conclusion :

Les romans d’aventures et de piraterie mettent en scène des pirates. Ces personnages sont fascinants et intriguent le lecteur, leur vie faite de danger et d’action attire et peut aussi faire rêver. Cependant, il ne s’agit pas de héros auxquels le lecteur souhaite s’identifier car ils sont aussi effrayants et repoussants.