Passer par la lecture pour vivre l'aventure
Introduction :
La lecture est un moyen d’évasion. L’auteur de romans d’aventures emmène le lecteur et lui fait vivre ses histoires. C’est ce que nous allons voir dans ce cours à travers des extraits de romans d’aventures qui font ressentir au lecteur tantôt de la fascination tantôt de la peur.
La fascination du lecteur
La fascination du lecteur
Certains romans d’aventures peuvent mettre en scène un personnage principal qui suscite l’admiration et la fascination du lecteur.
Le lecteur, lorsqu’il se plonge dans un roman, se met à la place du héros. C’est ce que l’on appelle le processus d’identification. Il peut ainsi ressentir les émotions que ressent le personnage principal, et avoir l’impression de vivre des aventures extraordinaires à travers le héros.
Le Lion de Joseph Kessel est un roman d’aventures publié en 1958. Il raconte l’histoire d’amitié entre King et Patricia, un lion et une fillette qui vivent dans une réserve naturelle au Kenya. Le narrateur est témoin de cette histoire et la raconte au lecteur. Dans l’extrait suivant, la fillette veut montrer au narrateur qu’elle est la maîtresse de King.
« La petite fille […] martela1 le ventre à coups de poing, à coups de tête. Puis elle se jeta sur la crinière, la saisit des deux mains et se mit à secouer en tous sens le mufle2 terrible. […]
Le lion roula sur le dos, étendit une patte et ouvrit sa gueule sombre.
‟Kihoro ! Kihoro ! pensai-je intensément. Tire ! Tire donc ! Elle va se faire lacérer3.”
Mais le rugissement de mort que j’attendais ne vint pas. À sa place, résonna cette sorte de rumeur4 énorme, rauque et joyeuse, cette grondante allégresse5 qui servait de rire à King. »
1 Marteler veut dire frapper à plusieurs reprises.
2 Le mufle est l’extrémité du museau.
3 Lacérer signifie déchirer, mettre en pièces.
4 Une rumeur est un bruit.
5 Allégresse est un autre mot pour dire « joie ».
On peut trouver le champ lexical de la violence dans cet extrait, avec par exemple les termes et expressions « martela », « coups de poing », « coups de tête », « jeta », et « secouer en tous sens ».
Patricia, la petite fille, saute sur le lion et se montre violente avec lui.
On peut sentir la menace de la situation, le lion est un animal sauvage, il peut à tout moment sauter sur la fillette et la dévorer. Les termes « mufle terrible » ou encore « gueule sombre » sont là pour le rappeler au lecteur. Le narrateur aussi craint pour la vie de Patricia, on peut le constater à travers la répétition des exclamations « Kihoro ! » et l’emploi de l’impératif « tire » à deux reprises.
L’impératif est un mode. On le reconnait à l’absence de pronom personnel devant le verbe. Il permet de donner un ordre ou un conseil.
Le verbe « lacérer » et l’emploi du futur proche « elle va se faire lacérer » montrent également ce qui arriverait certainement s’il s’agissait de n’importe quel lion. Mais il s’agit d’un lion extraordinaire. Il se montre bienveillant (bon, gentil).
Le futur proche est utilisé pour exprimer ce qui va arriver immédiatement ou bientôt.
Cette scène fascine le lecteur, il est admiratif de la relation que Patricia entretient avec son lion. Après tout, qui n’a jamais rêvé de caresser un lion ?
Il y a ici une inversion dans les comportements habituels. Le lion, qui est un animal sauvage, se montre doux et bienveillant tandis que la petite fille se montre violente avec le lion.
Mais il s’agit d’un jeu entre eux, l’auteur raconte une histoire d’amitié. Pourtant le plus souvent dans les romans d’aventures le lecteur est amené à craindre pour la vie du héros.
La peur du lecteur
La peur du lecteur
Les romans d’aventures plongent le héros dans des situations dangereuses et inconnues. Par le biais du processus d’identification, le lecteur craint donc qu’il n’arrive malheur au héros. Dans Le Vieil Homme et la mer, roman d’Ernest Hemingway publié en 1952, le narrateur raconte l’histoire d’un vieux pêcheur cubain qui lutte contre un énorme espadon. Une fois enfin attrapé et accroché à l’arrière de sa barque, celui-ci attire les requins.
« Le requin talonnait1 l’arrière de la barque. […] Lorsqu’il attaqua l’espadon, le vieux vit sa gueule béante2, et ses yeux étranges ; il entendit le claquement des dents qui s’enfonçaient dans la chair juste au-dessus de la queue. […] La peau et la chair de l’espadon se déchirèrent au moment où le vieux lança son harpon3 sur la tête du requin. […] Il frappa de ses mains sanglantes et poisseuses4, enfonçant son bon harpon dans un suprême effort. Il frappa sans se faire d’illusions, mais avec la volonté de tuer et toute la haine possible. »
1 Talonner signifie « suivre de près ».
2 Béante est un autre mot pour dire « grande ouverte ».
3 Un harpon est une sorte de grande lance dont le bout est fait de crochets.
4 Poisseuses : Collantes, gluantes.
Le requin fait peur au lecteur, c’est un animal dangereux qui se montre menaçant. Il poursuit le vieil homme, il « talonnait » la barque, et l’emploi des adjectifs « béante » et « étranges » pour qualifier sa « gueule » et ses « yeux » sont effrayants. De plus, la référence aux « dents qui s’enfonçaient dans la chair » de l’espadon fait aussi craindre pour la vie du vieil homme, on peut penser en effet à ce que ces dents pourraient faire au héros.
Un combat sans merci s’engage alors entre le pêcheur et le requin. On peut relever des termes qui font partie du champ lexical du combat et de la violence : « attaqua » , « frappa », « effort », « tuer », « haine », les « dents » du requin qui constituent une arme ou encore le « harpon » qui est l’arme du pêcheur, et enfin l’expression « mains sanglantes » et « déchirèrent ».
Cette lutte entre l’homme et l’animal est violente et on ne sait pas comment elle se finira. On peut avoir peur que le vieil homme ne se fasse manger par le requin.
La scène ainsi décrite donne du suspense, le lecteur ne sait pas qui du vieil homme ou du requin remportera le combat. Et le lecteur, s’étant identifié au pêcheur, craint qu’il ne se fasse dévorer par le requin.
Suspense :
Le suspense est un moment dans le roman qui tient le lecteur en haleine, il est dans l’attente de ce qui va se passer.
Conclusion :
Grâce à l’identification au héros, le lecteur peut vivre des aventures extraordinaires, ressentir des émotions et voyager à travers les pages d’un roman. Dans le roman d’aventures, on trouve toutes sortes d’émotions, on peut ressentir de l’admiration pour un héros ou encore craindre pour sa vie, et trembler pour lui. Et ces aventures sont une invitation à explorer le monde pour le lecteur.