La guerre froide : USA contre URSS
Introduction :
Dès la révolution russe de 1917, les États-Unis et les pays occidentaux craignent de voir se multiplier les États s’inspirant du modèle communiste. De 1918 à 1921, les Occidentaux sont ainsi venus aider les armées tsaristes, partisanes du retour au régime du tsar de Russie, contre l’Armée rouge de Lénine et de Trotski.
Après la victoire de l’Armée rouge, le système marxiste-léniniste est mis en place en Russie qui devient l’URSS, l’Union des républiques socialistes soviétiques, en 1922. Un « cordon sanitaire » est mis en place dès lors pour éviter la propagation de ce qu’on appelait « la peste rouge » en Europe.
Nous verrons que, pendant une large partie du XXe siècle, le communisme de l’URSS s’oppose au capitalisme des États-Unis durant la guerre froide. Ensuite, nous nous concentrerons sur la place centrale occupée par Cuba, notamment à travers deux moments clés de la guerre froide : l’épisode de la baie des Cochons, et celui plus dramatique de la crise des missiles.
La guerre froide
La guerre froide
Durant la Seconde Guerre mondiale, la Grande Alliance formée entre les États-Unis, les démocraties d’Europe et l’URSS fonctionne tant que les ennemis communs ne sont pas battus. Après l’armistice de 1945, les États-Unis et l’URSS se font face avec deux visions complètement différentes du monde et de la société :
- la société communiste, voulue par les Soviétiques ;
- et la société capitaliste, conçue par les Américains.
- Ces deux visions sont incompatibles.
Chacun souhaite imposer au monde sa vision de la société : c’est l’impérialisme. Le but de la guerre froide est de gagner un plus grand nombre de pays à sa cause et de faire triompher son modèle.
D’un point de vue idéologique, la guerre froide oppose d’un côté le système américain occidental, avec la démocratie, les droits de l’Homme, le capitalisme, et la primeur de l’individu ; et de l’autre l’URSS et le communisme, l’économie étatique, le parti unique, le parti communiste, et la primeur de la collectivité. Cette dimension idéologique est très forte et s’accompagne de part et d’autre de propagande pour faire valoir son système.
La guerre froide est un concept qui mérite d’être clarifié. On parle de guerre froide à partir de 1947 et jusqu’en 1991. La guerre est qualifiée de « froide » car il n’y a jamais eu de conflits directs entre les États-Unis et l’URSS. La guerre froide a eu lieu par pays interposés comme durant la guerre de Corée, la guerre du Vietnam, ou durant les crises comme à Cuba ou Berlin.
La principale préoccupation pendant la guerre froide est liée à la possession de l’arme nucléaire par chacun des deux camps. Avec la monumentale force de destruction de cette arme, le conflit ouvert est évité car aucun gagnant n’apparaîtrait et les destructions seraient considérables de part et d’autre.
- C’est ce que l’on appelle l’équilibre de la terreur.
- Cette guerre a également des dimensions technologiques, comme la course à l’espace.
- Elle se déplace aussi dans l’univers sportif : les jeux olympiques et les coupes du monde de football sont l’occasion pour chaque idéologie de montrer la supériorité de son système.
- C’est également la guerre des services d’espionnage, ainsi qu’une guerre des symboles, la guerre froide étant dans chaque camp présentée comme une lutte du « bien contre le mal ».
Cuba : la baie des Cochons
Cuba : la baie des Cochons
Avec la tentative de débarquement de la baie des Cochons en 1961, et la crise des fusées en 1962, Cuba joue un rôle majeur dans la guerre froide.
L’Amérique latine est une « chasse gardée » des États-Unis depuis la doctrine Monroe de 1823 : les États-Unis surveillent tout ce qui s’y fait en matière politique et économique.
Cuba était à ce moment là une île très pauvre aux mains du dictateur pro américain Batista, jusqu’à ce que Fidel Castro, aidé de l’argentin Che Guevara, démarre une révolution en 1959 et lance des réformes socialistes sur l’île, avec entre autres des nationalisations et une réforme agraire pour redistribuer les terres aux paysans pauvres.
Les anticastristes et les Américains tentent, avec l’aide de la CIA, de renverser Fidel Castro. Cette tentative, qui fut un échec, est restée dans l’Histoire comme le débarquement de la baie des Cochons d’avril 1961, lorsque 1 400 hommes soutenus par une force aérienne débarquent à Cuba dans la baie des Cochons. Ces hommes sont des exilés cubains entraînés par la CIA dans un camp au Guatemala. Des villes cubaines sont bombardées, mais les forces castristes viennent à bout de ce débarquement.
- C’est un échec cuisant pour les Américains et la CIA.
Cependant, les États-Unis ne supportent pas de perdre leur influence sur l’île et ont peur d’un effet domino. Cuba aux mains des marxistes, ce sont toutes les Caraïbes et l’Amérique Latine qui risquent de devenir communistes. Les États-Unis débutent donc un embargo contre Cuba, encore d’actualité. Parallèlement, Cuba reçoit le soutien de l’URSS de Khrouchtchev. Ensuite, c’est un engrenage des forces en présence qui se met en place.
D’un côté, les États-Unis manœuvrent pour préparer une tentative de renversement du régime castriste, de l’autre, l’URSS implante à Cuba des têtes d’ogives nucléaires tournées vers les principales villes américaines de la côte Est.
Cuba : la crise des missiles
Cuba : la crise des missiles
Le 14 octobre 1962, un avion U2 américain photographie les rampes de lancements des missiles implantés sur l’île de Cuba. Ces mêmes avions photographient les cargos soviétiques en route vers Cuba avec des ogives nucléaires prêtes à être implantées sur les rampes cubaines. La CIA avertit Kennedy.
Carte des forces en place lors de la crise des missiles de Cuba (1962)
Un bras de fer s’engage entre le président Kennedy et Khroutchev. Kennedy ordonne un blocus naval autour de l’île de Cuba et menace de riposter par le feu nucléaire si les bateaux soviétiques forcent le blocus.
Pendant une semaine, le monde entier est suspendu à l’ultimatum américain alors que les bateaux soviétiques se dirigent vers Cuba. Kennedy annonce que tout lancement de missile nucléaire depuis Cuba contre toute nation de l’hémisphère occidental sera considéré comme une attaque de l’Union soviétique contre les États-Unis, appelant en représailles une riposte complète contre l’URSS. À cette époque, la puissance de feu nucléaire américaine et soviétique est telle qu’une déflagration mondiale est redoutée par tous.
Des négociations secrètes sont menées. Au bout du compte, l’URSS fait demi-tour et accepte de ne pas mettre de fusées nucléaires sur l’île de Cuba. En échange, l’URSS obtient que l’île de Cuba ne soit jamais envahie par les États-Unis et que les Américains retirent les fusées nucléaires de Turquie, qui étaient pointées vers l’URSS.
Pour Kennedy et les États-Unis, le bilan est positif en termes d’image et de recul de l’URSS. Dans ce fragile équilibre de la terreur, l’URSS aurait acquis un grand avantage à Cuba.
- Le prestige de Kennedy est à son zénith : il a fait reculer l’URSS et a sauvé le monde d’un désastre nucléaire.
- Pour l’URSS, l’image est plutôt négative, les bateaux soviétiques ont reculé devant les Américains, mais Cuba est sauf et il n’y a plus de fusées en Turquie.
Khroutchev a cependant payé cette erreur d’appréciation en étant démis de ses fonctions en 1964. Le comité central du Parti Communiste de l’URSS lui a reproché son « aventurisme » dans cette affaire.
Sur le plan diplomatique en ces temps de guerre froide, les deux blocs ont négocié sans l’ONU ni aucun autre partenaire. Castro reproche à Khroutchev que l’URSS ait négocié sans rien demander à Cuba et à son dirigeant.
Un monde bipolaire où les deux grandes puissances prennent les décisions entre elles sans en référer à quiconque demeure.
Il faut ajouter que Cuba, encore en 2013, bien après la fin du bloc communiste, reste sous embargo américain. La doctrine Monroe semble rester de mise pour les Américains quels que soient les gouvernements et les époques.
Sur le plan international, la crise des fusées de Cuba a fait rentrer la guerre froide dans une période dite de « détente » entre l’URSS et les États-Unis. Une ligne de communication directe, nommée le « téléphone rouge » a été installée entre le Kremlin et la Maison-Blanche.
Des traités sur le nucléaire sont signés entre les deux grandes puissances, la course à l’armement ralentit. Le traité SALT 1 en 1972 est le premier traité signé sur la limitation des ogives nucléaires entre les États-Unis et l’URSS, qui signent également des accords commerciaux. La guerre froide coûte très cher aux deux pays et il faut donc faire une pause.
Les deux Allemagnes en ont tiré un bénéfice également, avec une détente et l’ostpolitik : l’ouverture vers l’Est.
Cependant, dans le même temps, la guerre froide se poursuit en Amérique latine, où les guérillas marxistes se heurtent aux dictatures soutenues par les États-Unis. La détente ne signifie pas la fin de la guerre froide, qui se prolongera lors d’un conflit terrible par pays interposés : la guerre du Vietnam.
Conclusion :
L’alliance de circonstance entre les deux géants victorieux de la Deuxième Guerre mondiale n’a pas perduré suite à la chute de leur ennemi commun, l’Allemagne nazie. Dans le monde d’après-guerre, leurs philosophies économiques et sociales se sont heurtées de plein fouet dans un conflit par nations interposées. La volonté de suprématie de l’URSS et des États-Unis a mené le monde au bord d’une Troisième Guerre mondiale.