Le conflit israélo-palestinien de 1947 à nos jours
Introduction :
Une part de l’enjeu du conflit israélo-palestinien peut se résumer dans cette courte phrase : une terre pour deux peuples.
Le démembrement de l’Empire ottoman et l’encouragement des Anglais à édifier un foyer national juif ont amené des colons à s’installer en Palestine, où vivait déjà une population arabe. La cohabitation était difficile et le conflit inévitable. Conflit asymétrique, religieux et territorial, le conflit israélo-palestinien est d’une rare complexité.
Nous verrons d’abord les racines du conflit, depuis le partage de la Palestine jusqu’à la guerre des Six Jours. Puis nous verrons la période qui va de la guerre du Kippour jusqu’aux années 1990. Nous terminerons ce cours par une étude du conflit à l’heure actuelle.
Les origines
Les origines
Le premier bouleversement a lieu lors de la Première Guerre mondiale, les Britanniques ont promis à la communauté juive la création d’un foyer national en Palestine. Ils répondaient ainsi aux attentes des mouvements sionistes, nés à la fin du XIXe siècle, qui souhaitaient rassembler les Juifs sur la terre promise en Palestine.
Les Britanniques formulent cette politique dans la déclaration Balfour de 1917, du nom du ministre des Affaires étrangères de l’époque.
L’Empire ottoman, membre de la Triple-Alliance au côté de l’Allemagne, perd la Palestine au profit des Britanniques, ce qui permet l’arrivée des premiers colons Juifs, au détriment du peuples palestinien déjà sur place.
En 1945, suite à la victoire des Alliés, c’est l’ONU, nouvellement créée, qui doit décider du futur du Proche et Moyen-Orient. Après avoir échappé aux horreurs de la guerre, des milliers de Juifs rescapés souhaitent quitter l’Europe pour s’installer en Palestine. Cette arrivée massive modifie l’équilibre des forces dans la région et est très mal perçue par les populations arabes, qui ne veulent pas « payer » pour la compensation des crimes subis par les Juifs d’Europe.
En 1947, pour remédier à la situation, l’ONU décide d’un plan de partage de la Palestine entre un État israélien et un État palestinien, avec Jérusalem comme capitale internationale administrée par l’ONU.
Plan de partage de la Palestine, 1947
Le partage apparaît clairement sur cette carte : en rose l’État d’Israël, et en vert l’État arabe. Jérusalem, au centre, n’est pas sous contrôle juif ou arabe, mais a un statut particulier de ville internationale. Les deux États ne sont pas uniformes et ils se chevauchent.
- Ce découpage ne verra jamais le jour et le plan est refusé par les Arabes.
Suite au départ des Britanniques, Israël proclame unilatéralement son indépendance le 14 mai 1948 par la voix de David Ben Gourion, son Premier ministre.
- En réaction, les États arabes voisins l’envahissent.
C’est le début de la première guerre israélo-arabe de 1948-1949. Le jeune État d’Israël en sort rapidement vainqueur et étend son territoire bien au-delà des frontières décidées par le partage de 1947.
Le reste de l’ancien État arabe de Palestine est administré par l’Égypte à Gaza, et la Jordanie en Transjordanie. La région voit alors un afflux massif de Juifs dans le nouvel État d’Israël, doublé d’un départ massif de Palestiniens. Pour les Palestiniens, c’est la « Nakba », la grande catastrophe, qui voit l’exode de plus de 700 000 Arabes qui fuient les combats ou sont expulsés de leurs villages.
La Palestine avant et après la guerre de 1948-1949
On peut voir sur ces cartes l’agrandissement du territoire israélien après la première guerre de 1948-1949. L’État arabe de Palestine a, lui, disparu puisqu’annexé par les pays arabes voisins.
Moins de vingt ans plus tard, en 1967, devant une nouvelle offensive imminente des pays arabes, Israël décide d’une attaque éclair préventive : c’est la guerre des Six Jours. Les pays arabes sont sévèrement battus et Israël agrandit encore son territoire.
- En quelques jours, Israël triple sa superficie et conquiert le plateau du Golan et la bande de Gaza et le Sinaï. Cette dernière région sera plus tard restituée à l’Égypte.
Fait hautement symbolique, l’armée israélienne capture Jérusalem, qui devient sa capitale.
Devant l’ampleur de la déstabilisation de la région, l’ONU s’empare du dossier et vote une résolution, la résolution 242, qui exige :
- l’instauration d’une paix durable ;
- le retrait des armées israéliennes des territoires occupés pendant ce conflit ;
- la reconnaissance de deux États israélien et palestinien, indépendants et dans des frontières sûres ;
- Cette résolution 242 de 1967 n’est toujours pas appliquée aujourd’hui.
En réponse au conflit, l’OLP, l’Organisation de libération de la Palestine de Yasser Arafat, revoit sa charte en 1968 et lance une lutte armée pour empêcher ce qu'elle considère comme une occupation de la Palestine.
Conflits et espoirs de paix
Conflits et espoirs de paix
Les pays arabes ne digèrent jamais cette humiliation et tentent à nouveau d’attaquer Israël. La guerre du Kippour de 1973 est d’ailleurs déclenchée par les pays arabes. Attaquée par surprise, l’armée israélienne est malmenée mais résiste avec l’aide de son allié américain. Une fois encore, les armées arabes sont battues.
- C’est le dernier grand conflit entre Israël et une coalition des pays arabes.
Conséquence de la guerre : le premier choc pétrolier de 1973. Pour les pays arabes producteurs de pétrole, c’est un formidable outil diplomatique de coercition. La hausse des prix est une réponse à la défense d’Israël par les États-Unis, mais aussi une réaction aux bras de fer Nord/Sud dans la lutte pour un prix équitable de l’énergie.
Dans les années 1970, après le conflit, les Américains réussissent à faire basculer l’Égypte dans leur camp et à faire signer un traité de paix entre l’Égypte et Israël en 1978 : les accords de Camp David.
- Pour les nations arabes, l’Égypte est vue comme un « traitre » à la cause palestinienne, et Anouar el-Sadate, président égyptien, le paiera de sa vie, assassiné par sa propre garde présidentielle en 1981 lors d’une parade militaire.
En parallèle, l’OLP se lance dans la lutte armée, avec prises d’otages et détournements d’avions, pour faire connaître son combat et alerter le monde sur le sort des Palestiniens. Cette stratégie nuit à l’image de l’OLP. En plus des actions à l’international, l’OLP se lance aussi dans une guérilla contre Israël à partir du sud Liban, harcelant les zones proches de la frontière par des raids.
- Pour faire cesser les intrusions de combattants de l’OLP, Israël envahit le Liban en 1982.
Son armée rentre dans Beyrouth pour y déloger les combattants palestiniens et occupera le terrain pendant les trois années à venir.
Les combats sont marqués par le massacre de Sabra et Chatila, deux camps de réfugiés où des civils palestiniens sont tués par des milices chrétiennes libanaises sans que l’armée israélienne n’intervienne. L’opinion internationale est scandalisée et le ministre de la Défense de l’époque, futur Premier ministre, est contraint de démissionner.
- Par la suite, l’OLP change de stratégie et abandonne la lutte armée, qui est reprise par les extrémistes palestiniens islamistes qui font leur apparition sous le nom du Hamas.
La révolte des Palestiniens prend alors une autre forme et on assiste à la première « Intifada », la « guerre des pierres », en 1987. Cette première intifada est une révolte civile, un affrontement asymétrique entre des jeunes armés de pierres ou de cocktails Molotov, et des chars israéliens.
Dans les années 1990, on pense le conflit proche d’une issue. Sous la présidence américaine du républicain George Bush, Israël et les Palestiniens acceptent de reprendre le dialogue. De son côté, l’OLP accepte le partage de la Palestine en deux États et reconnait donc officiellement l’État d’Israël. Israël reconnait qu’il faut un État palestinien.
Ces négociations se concrétisent par les accords d’Oslo en 1993, dont la déclaration de principe est signée à Washington par le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le président de l’autorité palestinienne Yasser Arafat, sous l’égide du président américain, le démocrate Bill Clinton.
- Arafat et Rabin recevront d’ailleurs le prix Nobel de la paix pour ces accords. La poignée de main entre Rabin et Arafat a relancé l’espoir d’une paix durable dans la région.
Mais l’assassinat de Rabin en 1994 par des extrémistes juifs remet en cause ces accords et la Palestine replonge dans la violence.
- Du côté palestinien, les extrémistes islamistes du Hamas prennent le contrôle de la bande de Gaza, cette petite bande de terre qui court le long de la mer Méditerranée, entre Israël et l’Égypte. Ils sont partisans d’une ligne dure, de la confrontation directe et violente avec les Israéliens. L’assassinat est suivi d’une série d’attentats terroristes palestiniens sur les populations israéliennes.
- Les Israéliens, quant à eux, vont poursuivre la colonisation sur le futur territoire palestinien. Une nouvelle Intifada se déclenche, elle durera de nombreuses années et fera de nombreuses victimes, de part et d’autres.
Le conflit à l’heure actuelle
Le conflit à l’heure actuelle
Le conflit n’a toujours pas trouvé d’issue à l’heure actuelle. Israël poursuit sa politique de colonisation, c’est-à-dire qu’il y a des constructions israéliennes en terre palestinienne, et les militants du Hamas font encore preuve de violence dans le cadre de la lutte armée.
Colonisations israéliennes en terre palestinienne
Les colonisations israéliennes en terre palestinienne apparaissent clairement sur cette carte. Dénoncées comme illégales par les autorités palestiniennes, elles ferment, pour eux, la porte à toute négociation. Autre point de friction : le mur de plus de 800 kilomètres qui sépare l’État d’Israël des territoires palestiniens, construit dans un but de sécurité. Les attentats suicides ont fait de nombreuses victimes israéliennes et ont durci les positions des uns et des autres.
- On assiste ainsi à une radicalisation du conflit.
Mur de séparation entre l'État d'Israël et l'État palestinien - ©W. Robrecht - CC-BY-SA-3.0-migrated & CC-BY-SA-2.5,2.0,1.0
Le mur a été construit illégalement sur les terres d’un hypothétique futur État palestinien. Israël est donc condamnée par l’ONU, mais les États-Unis utilisent leur droit de véto au Conseil de sécurité pour limiter les sanctions à l’encontre d’Israël.
La paix est d’autant plus éloignée que les Palestiniens ne sont pas tous unis dans la protestation.
- Le Hamas, organisation militante armée, a gagné les élections dans la bande de Gaza en 2007, alors que le Fatah, héritier de Yasser Arafat et jusque-là majoritaire, s’oppose à sa politique.
En réponse à la montée en puissance du Hamas, l’armée israélienne lance fin 2008 l’opération « Plomb durci », qui vise à le soumettre par la force. Les très nombreuses pertes civiles palestiniennes, et le blocus des populations qui s’en suit ont un impact majeur sur l’opinion internationale qui condamne majoritairement l’emploi de la violence.
Du côté diplomatique, l’autorité palestinienne se lance dans une bataille juridique auprès des institutions internationales pour être reconnue comme État à part entière.
Première victoire de taille, l’ONU accorde un statut d’« État observateur » aux palestiniens en 2012.
Perte des territoires palestiniens entre 1947 et 2017
Ces quatre cartes dressent le bilan de la perte des territoires palestiniens depuis 1947. Avec un tel éclatement des populations palestiniennes, la construction d’un État est dorénavant très difficile.
Conclusion :
Sans la fermeté des États-Unis et de la communauté internationale, il est difficile d’imaginer une issue à ce conflit qui dure depuis plus de 60 ans.
Depuis les premières arrivées de colons juifs après les Première et Seconde Guerres mondiales, la cohabitation a toujours été problématique. C’est un foyer de tensions pour le monde arabe, pour qui les Occidentaux ne veulent pas réellement régler le conflit et ignorent les revendications palestiniennes.