Fonctions de la poésie

Exprimer des sentiments et des sensations

La poésie des sentiments appartient au genre de la poésie lyrique, et permet au poète de faire ressentir au lecteur ce que lui-même ressent (Gérard de Nerval, Victor Hugo). Le lecteur peut facilement s’identifier à l’écrivain. La poésie met en mots la douleur, l’exaltation, celle liée à l’amour et à la nature (« Lise », Victor Hugo).
La poésie sert aussi à « fixer les vertiges », à saisir les sensations (Arthur Rimbaud). Apollinaire, quant à lui, cherche à témoigner du vertige et de l’ivresse de son existence, et rend compte de la fuite inexorable du temps (« Marie », « Le pont Mirabeau »).

La poésie peut servir à décrire le monde (Francis Ponge, Le Parti pris des choses), à prouver que le réel le plus commun est poétique.
Elle a aussi pour ambition de faire le pont entre rêve et réalité. Charles Baudelaire, poète du spleen et de l’idéal (« Élévation »), explique que seul celui qui se prête au jeu du rêve peut comprendre le sens caché du monde (« Correspondances »).
Pour Rimbaud, le poète est un voyant qui perçoit l’envers de la réalité. Le langage habituel ne peut rendre compte d’une telle expérience, la poésie doit alors inventer un nouveau langage (« Alchimie du verbe ») pour saisir ce monde.
Rimbaud invente alors un nouvel alphabet qui serait à même de dévoiler la beauté du monde.

La poésie peut aussi être une force de contestation. Elle dénonce les maux et vices de la société. Sa brièveté en fait un genre argumentatif efficace qui frappe les esprits (La Fontaine, Victor Hugo).
La poésie a également été mise au service de la Résistance, pour lutter face à l’oppression, et délivrer des messages de liberté et de fraternité (Paul Éluard, « Liberté »).
Moyen détourné et efficace de témoigner des injustices et des cruautés humaines, la poésie a en ce sens une fonction argumentative.

Pour certains, la poésie n’a pas besoin d’être utile, elle peut être uniquement un exercice de langue purement esthétique ou encore un jeu d’épuisement du langage.
Les poètes du Parnasse pensent que la poésie est un pur plaisir esthétique, elle ne doit pas être utile. Théophile Gautier est l’instigateur du mouvement. Le travail du poète est alors de revoir à la hausse les exigences de la poésie, pour lui redonner ses lettres de noblesse.
Des artistes comme Baudelaire, Rimbaud et Verlaine contesteront cette vision de la poésie, pour voir en elle un pouvoir de liens entre le visible et l’invisible.
Certains poètes de la fin du XIX^e siècle se sont consacrés à libérer le langage poétique de la logique et des conventions traditionnelles de l’écriture. C’est notamment le cas des poètes du mouvement dada, surréaliste ou de l’Oulipo (on peut citer l’apparition de l’écriture automatique).